République du Congo : tortures, persécutions politiques et attaques contre les libertés syndicales

10/02/2014
Communiqué
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La FIDH et L’OCDH publient une note de situation dans laquelle ils expriment leurs vives préoccupations face à la détérioration de la situation des droits humains et des libertés fondamentales en République du Congo, comme le démontrent plusieurs affaires : des cas de tortures ; l’acharnement contre les personnes supposées proches de Marcel Ntsourou, ce colonel accusé d’avoir organisé l’explosion du dépôt de munitions de Brazzaville en mars 20121 ; et la répression des leaders syndicaux-enseignants pour casser le mouvement de grève qui paralysait l’enseignement.

« Les autorités congolaises doivent mettre un terme immédiat au harcèlement des syndicalistes-enseignants et respecter les procédures légales concernant le colonel Marcel Ntsourou et ses proches » a déclaré Trésor Nzila, directeur exécutif de l’OCDH.

Les cas de violations des droits humains présentés dans la note démontrent comment les autorités congolaises instrumentalisent la justice à des fins de répression à motivation essentiellement politique, pratiquent la torture et les mauvais traitements dans les lieux de détention et criminalisent la protestation sociale afin de faire taire toute voix divergente.

« La torture et les mauvais traitements sont strictement prohibés par la Convention des Nations unies contre la torture, à laquelle le Congo est partie. Elle oblige les autorités à poursuivre les auteurs et responsables de ces actes odieux. » a déclaré Paul Nsapu, secrétaire général de la FIDH. « Le gouvernement doit cesser toute répression contre les syndicalistes-enseignants qui ne font que défendre pacifiquement les droits des travailleurs ; et contre les opposants politiques qui sont soumis à toutes sortes de pression et de harcèlement » a-t-il ajouté.

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Contexte :
Du 6 au 30 janvier 2014, les syndicalistes-enseignants de la Concertation pour la revalorisation de la profession d’enseignants (CRPE) et de la Coordination syndicale libres des enseignants du Congo (COSYLEC) ont mené une grève générale dans l’enseignement pour protester contre l’adoption de mesures ne respectant pas les accords passés avec le gouvernement. Depuis le début de cette grève, ils ont fait l’objet d’une intense campagne de presse et d’intimidation de la part du gouvernement qui les pourchassait, obligeant certains d’entre eux à entrer en clandestinité et entraînant finalement la suspension du mouvement.

Le Colonel Marcel Ntsourou, ex-numéro 2 des services de renseignements et secrétaire général adjoint de la sécurité nationale, a été accusé d’avoir organisé et provoqué l’explosion du dépôt de munition du camp militaire de Mpila à Brazzaville le 4 mars 2012 qui avait fait presque 350 morts, 1200 blessés et de nombreux sinistrés. Le 9 septembre 2013, le Colonel Ntsourou avait été condamné à 5 ans de travaux forcés avec sursis et placé en résidence surveillée. En juillet 2013, il affirmait dans une interview qu’il était en mesure de prouver l’implication de la haute hiérarchie militaire et du président Denis Sassou Nguesso dans les exécutions et les disparitions de 353 personnes dans l’affaire des disparus du Beach de Brazzaville en 1999. Le 16 décembre 2013, des affrontements se sont déroulés dans son habitation de Brazzaville entre la Forces Armées Congolaises (FAC) et les éléments de la garde du colonel Ntsourou faisant officiellement entre 20 et 42 morts et des dizaines de blessés. Après s’être rendu aux forces de police, le Colonel Marcel Ntsourou a été placé en détention à la maison d’arrêt. Le 21 janvier 2014, ses avocats ont porté plainte contre X pour plusieurs délits invoqués liés à son arrestation du 16 décembre 2013.

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