Une élection présidentielle entachée d’irrégularités

13/10/2004
Communiqué

Lundi, 4,6 millions d’électeurs camerounais étaient appelés à se rendre aux urnes pour élire au scrutin uninominal à un tour le nouveau chef de l’Etat pour une durée de 7 ans. Treize candidats étaient en lice dont le président sortant Paul Biya, au pouvoir depuis 1982.

Plusieurs irrégularités ont été constatées par la Maison des droits de l’Homme au Cameroun, organisation membre de la FIDH, tant lors de la campagne présidentielle que lors du vote. Les faits dénoncés sont en violation de l’article 25 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) ratifié par le Cameroun qui stipule : « Tout citoyen a le droit de voter et d’être élu, au cours d’élections périodiques, honnêtes, au suffrage universel et égal et au scrutin secret, assurant l’expression libre de la volonté des électeurs ».

Concernant la campagne électorale, l’Observation générale N°25(57) du Comité des droits de l’Homme stipule que « le libre choix des électeurs ne doit pas être subverti par des dépenses disproportionnées en faveur de tout candidat ou parti ». Au Cameroun, la campagne présidentielle a débuté officiellement le 26 septembre, soit seulement 15 jours avant le vote pour se terminer la veille au soir des élections. Durant ce laps de temps, la Maison des droits de l’Homme a pu noter une surabondance des placards et autres publicités pour le candidat sortant par rapport aux autres candidats. Paul Biya aurait en effet pu bénéficier non seulement des ressources financières de l’Etat, mais également des ressources humaines, ministres et fonctionnaires battant campagne pour lui. Le Premier ministre a même été nommé représentant personnel du candidat Paul Biya.

L’Observation générale rappelle en outre que « les Etats doivent prendre des mesures efficaces pour faire en sorte que toutes les personnes qui remplissent les conditions pour être électeurs aient la possibilité d’exercer ce droit ». L’Onel (Observatoire national des élections) dont les membres sont nommés par le chef de l’Etat pour superviser et contrôler les élections, a affirmé que seulement « 60 à 70 % des cartes d’électeur étaient distribuées à trois jours du vote ». A l’inverse l’Onel a déploré " une multiplicité de cas de doubles inscriptions qui se sont traduites par une pluralité de cas de doubles cartes ».

D’après nos informations, de nombreuses irrégularités ont été relevées le jour du vote : l’ouverture tardive des bureaux de vote ; des cartes d’électeurs non-distribuées ; d’autres cartes d’électeurs déposées dans les centres de vote sans que leurs titulaires en soient avertis ; les listes d’électeurs non affichées dans certains bureaux de vote ; l’absence de scrutateurs de certains partis ; l’utilisation d’encre délébile sur les cartes d’électeurs aurait permis à certaines personnes de voter plusieurs fois ; des pots de vin auraient été versés aux électeurs rapportant, après avoir voté, les bulletins des candidats des partis d’opposition.

La FIDH et la Maison des droits de l’Homme condamnent ces irrégularités qui violent l’article 25 du PIDCP. Elles appellent la communauté internationale à condamner ce processus électoral.

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