Paris, le 2 juillet 2009
Nos organisations sont vivement préoccupées par les actes d’intimidation et de harcèlement dont est actuellement l’objet Jean Bosco Talla, directeur de publication du journal Germinal et ancien membre du comité de pilotage du Programme concerté pluri-acteur (PCPA).
Depuis samedi 27 juin 2009, deux individus en tenue civile rodent à proximité de son domicile. A deux reprises, ils sont venus sonner pour demander si le journaliste vivait bien à cette adresse. Dans la nuit du dimanche 28 juin, Jean Bosco Talla a reçu un appel téléphonique anonyme l’avertissant qu’il fallait qu’il s’attende à une « riposte ». Depuis lors, des individus, qui refusent de décliner leur identité, l’appellent et lui demandent où il se trouve. Hier, 1er juillet, il a reçu un sms anonyme le menaçant en ces termes : « de tte facon vtre cause et celle 2 vs comanditèr seront entendu dès lè prochin jrs »[1]. Aujourd’hui, 2 juillet, les menaces se précisent : « cessez 2 de gesticuler la ou vs êtes si non vtre echeance sra ecourte »[2].
Plusieurs personnes, ont indiqué à Jean Bosco Talla qu’il y avait « des gens à ses trousses » au sein des services de l’Etat et l’ont incité à la prudence.
Ces actes d’intimidation et de harcèlement à l’encontre de Jean Bosco Talla font suite à la publication, du rapport du CCFD-Terre Solidaire « Biens mal acquis. A qui profite le crime ? », le 24 juin 2009, dont plusieurs pages sont consacrées au président camerounais Paul Biya et à sa famille.
Le rapport a fait grand bruit au Cameroun. Une partie de la presse a relayé les réactions virulentes du gouvernement et du Rassemblement démocratique du peuple Camerounais (RDPC) - parti au pouvoir - à l’encontre dudit rapport, du CCFD-Terre Solidaire et de ses partenaires au Cameroun, dont le journal Germinal.
Ces menaces s’inscrivent dans un contexte plus général de stigmatisation des journalistes indépendants, des défenseurs des droits de l’Homme et des syndicalistes qui dénoncent la corruption généralisée au sein des institutions publiques, les atteintes aux droits de l’Homme des forces de l’ordre et les dérives autoritaires du pouvoir en place.
Jean-Marc Bikoko, président de la centrale syndicale du secteur public (CSP) et coordinateur de la Plateforme d’information et d’action sur la dette du Cameroun, a également reçu des appels anonymes et a été averti que les renseignements généraux s’intéressaient de près à ses faits et gestes. Il est à craindre que d’autres organisations et personnes avec lesquelles le CCFD-Terre Solidaire entretient des relations au Cameroun ne soient également l’objet d’actes d’intimidation et de harcèlement.
Convaincus qu’une société civile indépendante et structurée est indispensable pour un développement équilibré du Cameroun, nous appelons les autorités camerounaises à :
· veiller à ce qu’un terme soit mis à toute forme de menaces et de harcèlements à l’encontre de Jean Bosco Talla ;
· garantir en toutes circonstances son intégrité physique et psychologique ainsi que celle des autres partenaires du CCFD-Terre Solidaire ;
· ouvrir une enquête sur les menaces téléphoniques proférées à l’encontre de Jean Bosco Talla afin que leurs auteurs soient identifiés, et que des poursuites adéquates soient engagées à leur encontre conformément à loi.
Organisations signataires :
· Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT-France) - www.acatfrance.fr
· Agir ensemble pour les droits de l’Homme (AEDH) - www.aedh.org
· Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD-Terre Solidaire) - www.ccfd.asso.fr
* Observatoire pour la Protection des Défenseurs des Droits de l’Homme (programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme et de l’Organisation mondiale contre la torture) - www.fidh.org www.omct.org
* Sherpa - www.asso-sherpa.org
* Survie - www.survie.org
* Tax Justice Network - www.taxjustice.net
Contacts :
· ACAT-France : Séverine Boyer : 01 40 40 74 10
· CCFD-Terre Solidaire : Véronique de La Martinière : 01 44 82 80 64
· FIDH : Gaël Grilhot / Karine Appy : 01 43 55 25 18
· OMCT : Delphine Reculeau : 0041 22 809 52 42
[1] « de toute façon votre cause et celle de vos commanditaires sera entendue dès les prochains jours ».
[2] « cesser de gesticuler là où vous êtes sinon votre échéance sera écourtée »