Intervention orale de la Ligue ITEKA sur la situation des droits de l’Homme au Burundi

19/10/2002
Communiqué

Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs les Commissaires,
Mesdames, Messieurs, les délégués d’Etat,
Distingués invités,
Mesdames, Messieurs,

Au nom de la ligue burundaise des droits de l’Homme ITEKA, j’ai l’honneur de profiter de l’opportunité qui m’est offerte pour saisir la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples de l’évolution de la situation des droits de l’Homme au Burundi.

Sur le plan politique, cette situation reste marquée principalement par :
 la dernière signature d’un accord de cessez-le-feu entre le gouvernement et une partie des factions armées ne garantissant toujours pas la cessation des hostilités ;
 La dégradation de la situation sécuritaire et les atteintes au droit à la vie ;
 La mort de centaines de civils innocents dans les provinces du Gitega (commune Itaba), dans la province de Muramvya (commune Rutegama) et dans les provinces de Ruyigi , Rutana et Makamba ;
 De fréquentes atteintes à la liberté de la presse ;
 L’atteinte à la liberté de circulation des personnes et des biens ;
 Le recours à des actes de torture et de mauvais traitement ;
 Des cas d’arrestation intempestives et irrégulières qui se poursuivent contre des personnes de l’opposition ;
 Des cas de viol et violences faites aux femmes et aux enfants ne font qu’augmenter.

Sur le plan économique, la situation actuelle est caractérisée par :
 La paupérisation continue de la population qui ne peut plus répondre aux besoins primaires ;
 La dégradation de la monnaie locale avec pour conséquence la hausse des prix de première nécessité ;

Sur le plan social,
 La situation se détériore progressivement car la majorité de la population burundaise n’a plus accès aux médicaments et aux soins de santé. Le système de sécurité social est de plus en plus précaire, surtout pour les populations vulnérables.
 Le droit à l’éducation n’est pas garanti pour un bon nombre d’enfants burundais suite à la situation de guerre qui a appauvri les familles ;
 Les personnes vivant dans les sites de déplacés sont dans une situation de pauvreté extrême et ne reçoivent pas régulièrement de l’aide ;
 Enfin, le droit au logement ne cesse d’être compromis par la poursuite de la guerre.

Au regard de la situation décrite et de ses perspectives, la ligue burundaise des droits de l’Homme ITEKA recommande à la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples d’enjoindre :

Au gouvernement de transition de :
1. Tout mettre en œuvre pour qu’un cessez-le-feu soit conclu avec les groupes armés dans un bref délai ;
2. Respecter les conventions internationales relatives aux droits de l’Homme ratifiées par le Burundi
3. Ratifier les Statuts de la Cour pénale internationale ;
4. Déposer les instruments de ratifications du protocole créant la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples ;
5. Manifester la volonté de lutter contre l’impunité

Aux groupes rebelles de :
1. Signer sans délai les accords de cessez-le feu ;
2. cesser de prendre en otage les populations civiles
3. arrêter la destruction des infrastructures sociales et économiques

A la communauté internationale de :
1. Soutenir les efforts du gouvernement de transition pour le gouvernement à la paix ;
2. Contraindre tous les groupes rebelles de rejoindre la table des négociations en vue d’un cessez-le-feu.

Je vous remercie.

Chantal Niyokindi, Membre du Comité exécutif

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