Bob Rugurika libéré : une première étape pour la liberté d’expression au Burundi mais le combat continue

24/02/2015
Communiqué
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Le mercredi 18 février 2015, le tribunal de Bujumbura Mairie a décidé la libération sous caution de Bob Rugurika, journaliste et directeur de la Radio publique africaine (RPA), l’une des radios les plus populaires et écoutées au Burundi. Après avoir été convoqué par le Parquet en Mairie de Bujumbura le mardi 20 janvier 2015, Bob Rugurika avait été arrêté le même jour puis détenu, d’abord à la prison centrale de Mpimba à Bujumbura, puis à celle de Muramvya.

Bob Rugurika, journaliste reconnu au Burundi, avait été arrêté après que la RPA ait diffusé plusieurs reportages d’investigation revenant sur l’assassinat des religieuses Lucia Pulici, Olga Raschietti et Bernadetta Boggian, le 7 septembre 2014, dans leur couvent de Kamenge, à la périphérie nord de Bujumbura. Ce triple assassinat avait suscité l’émoi de la population burundaise de par l’horreur du crime, mais aussi sa perplexité quand un homme de 33 ans, déséquilibré mental, avait été désigné par la police comme l’assassin présumé des trois religieuses deux jours après les faits.

Les enquêtes de Bob Rugurika ont mis à mal la thèse avancée par les autorités burundaises, mettant en cause la responsabilité de hauts responsables burundais, notamment à travers le témoignage d’un homme déclarant avoir personnellement participé au triple assassinat, dans le cadre d’un commando mis en place par des hauts responsables des autorités burundaises. Le Ministère public burundais a ainsi retenu les charges de manquement à la solidarité publique (art. 481 du Code pénal), violation du secret d’instruction (art. 393 du Code pénal), complicité d’assassinat des sœurs (art. 38.4 du Code pénal), et de recel de malfaiteurs (art. 389 du Code pénal) à l’encontre de Bob Rugurika.

Le 2 février 2015, une première demande de remise en liberté avait été rejetée par le Tribunal de grande instance en mairie de Bujumbura siégeant à la Prison de Muramvya et à l’issue de laquelle Bob Rugurika avait été maintenu en prison. Le 16 février, la Cour d’appel de Bujumbura a examiné l’appel formé par les avocats de Bob Rugurika sur la décision de maintien en détention préventive et annoncé que la décision serait prononcée deux jours plus tard. Le 18 février, la libération provisoire de Bob Rugurika a été confirmée, non sans être assortie de plusieurs conditions restrictives : le paiement d’une caution de 15 millions de francs burundais (plus de 8000 euros), l’interdiction de sortir du territoire sans autorisation et l’obligation de se présenter devant le magistrat instructeur une fois par semaine.

À quelques mois des élections générales, la FIDH, qui menait une mission d’enquête, du 11 au 18 février, sur le contexte pré-electoral dans le pays, avait pu rendre visite à Bob Rugurika le 14 février tandis qu’il était encore détenu à Muramvya. La mission a appelé les autorités burundaises à procéder à sa libération immédiate et peut également témoigner de la très forte mobilisation populaire en sa faveur.

La FIDH, la Ligue Iteka, son organisation membre au Burundi, et ses organisations partenaires se félicitent de la libération de Bob Rugurika, première étape vers le rétablissement de ses droits et libertés individuels et résultant largement de la grande mobilisation de la société civile burundaise, des organisations et institutions internationales et de nombreux gouvernements à travers le monde. Nos organisations poursuivront leur action pour l’abandon des charges à l’encontre de Bob Rugurika et pour qu’une enquête approfondie et indépendante soit menée sur le triple assassinat des religieuses italiennes en vue de l’identification et de la traduction en justice des responsables.

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