Les autorités angolaises se sont engagées dans une nouvelle opération de lutte contre l’immigration irregulière qui s’apparente à une véritable traque aux migrants, 3000 personnes ayant été raflées dans les rues de Luanda ces dix derniers jours. Les ressortissants africains sont violemment arrêtés dans les rues de Luanda, à leurs domiciles ou sur leurs lieux de travail avant d’être transportés vers le centre de détention de Trinita, à 30 kilomètres de Luanda, et certains rapatriés de force. Là-bas, ils sont détenus dans des conditions cruelles, inhumaines, humiliantes et dégradantes. Les personnes sont entassées dans des cellules exiguës, sans eau ni nourriture. Certaines femmes enceintes, dont deux originaires du Mali et de la Guinée, ont été contraintes d’accoucher dans la promiscuité de ces lieux. Des actes de torture et d’extorsion de fonds auraient également été rapportés.
Ces violations des droits humains des personnes migrantes sont perpétrées sur fond de stigmatisation et d’attaques répétées à l’encontre des populations immigrées en Angola, et particulièrement des ressortissants ouest-africains. Les arrestations seraient aussi entachées de discrimination à caractère ethnique et religieux car ayant majoritairement ciblé des ressortissants musulmans originaires surtout de la Guinée, la Mauritanie, du Mali et du Sénégal. Des témoignages ont fait état d’encerclement des mosquées par les services de l’immigration le vendredi 19 décembre 2014.
Face à ce constat, nos organisations rappellent aux États leur responsabilité dans le respect du principe de non-discrimination consacré par tous les instruments internationaux des droits humains. Nos organisations recommandent :
- aux autorités angolaises de :
- mettre immédiatement un terme aux pratiques d’arrestation et de détention arbitraire perpétrées par les forces de sécurité ;
- fermer immédiatement le camp de détention pour migrants de Trinita où les conditions de vie constituent une violation de la dignité humaine ;
- ouvrir des enquêtes sur les allégations de graves violations des droits humains, et engager des poursuites à l’encontre des responsables de ces actes ;
- élaborer une politique migratoire qui s’inscrive dans le cadre d’un État de droit et dans le respect du droit international ;
- ratifier la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ;
- ratifier la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leurs familles.
- aux États africains dont sont originaires les migrants de :
- veiller au respect des droits fondamentaux de leurs ressortissants immigrés en Angola et assurer leur défense et protection en cas de violation de ces droits ;
- exiger des autorités angolaises la libération de leurs ressortissants du camp de Trinita où ils subissent des traitements inhumains et dégradants, ainsi que la condamnation de toutes les pratiques et attitudes xénophobes qui stigmatisent leurs ressortissants.
- à l’Union africaine de :
- assurer le respect du droit international des droits humains dans la conduite des politiques migratoires de ses États membres.