"Stratégie de la terreur au Togo" (II) Un règne aussi court que sanglant

25/03/2005
Rapport

Rapport préliminaire d’investigation de la Ligue togolaise des droits de l’Homme (LTDH) et soutenu par la FIDH sur les violations des droits de l’Homme au Togo depuis le coup d’État du 5 février 2005,

Répression et impunité au Togo

Depuis le 5 février 2005, date du coup d’État visant à placer au pouvoir Faure Gnassingbé et maintenir le régime en place, le peuple togolais vit dans une situation d’oppression. La Ligue togolaise des droits de l’Homme (LTDH) était présente au cours de tous les événements, recueillant les blessés et dénombrant les victimes chaque jour plus nombreuses de la répression militaire.
Relayées par la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et l’ensemble de la Coalition des ONG pour le Togo, ces informations ont permis de prendre la mesure réelle de la nature du nouveau régime.

A l’image du son père, le défunt dictateur Général Eyadema, Faure Gnassingbé a au cours de son bref règne opposé aux aspirations de liberté et de démocratie du peuple togolais, la répression et la violation des droits fondamentaux du peuple togolais.

Ainsi, le 27 février 2005, les femmes de Lomé ont défilé par milliers pour dénoncer le coup d’État monarchique du clan GNASSINGBE. A l’encontre du droit de manifestation garantis par les instruments internationaux des droits de l’Homme, les forces de sécurité ont usé à leur encontre d’une force disproportionnée et de violences inacceptables.

Les 27, 28 février, 1er, 2 et 3 mars 2005, des militaires ont pénétré dans des maisons du quartier Bè de Lomé et s’y sont adonnés à des violences s’apparentant à des traitements inhumains, cruels et dégradants : assassinats, viols, actes de torture et arrestations arbitraires ont été recensés tout au long du mois de février 2005. Les corps de trois personnes ont été repêchés dans la lagune du quartier Bè et un autre décès a été recensé dans le même quartier.

Dans le même temps, les autorités se sont efforcées de limiter la liberté de la presse en fermant des stations de radios sous des prétextes fallacieux, en confisquant leurs matériels, en menaçant et en intimidant les journalistes.

Les forces de l’ordre s’en sont également pris à des ressortissants des pays membres de la CEDEAO dont les Chefs d’État avaient ouvertement dénoncé le coup d’État, usant d’intimidations et de violences.
Les morts, les blessés par balles et les disparus dont la liste s’allonge dangereusement illustrent la férocité de la répression d’une armée qui considère la population comme l’ennemi.

En recoupant les faits collectés par diverses sources avec les témoignages des victimes et des rescapés, la LTDH est en mesure d’établir formellement qu’il s’agit d’opérations militaires à caractère politique, préméditées, minutieusement préparées et exécutées avec l’intention délibérée de tuer et de blesser.

C’est pourquoi la LTDH considère que les responsables en place aux moments des faits, se sont rendus coupables de graves violations des droits de l’Homme en privant de nombreux togolais des droits garantis par les instruments internationaux de défense des droits de l’Homme dont le Togo est partie : droit à la vie et à l’intégrité physique et morale, droit de manifestation et d’opinion, droit d’informer librement et de critiquer le gouvernement, etc.

La Ligue Togolaise des Droits de l’Homme (LTDH), lance un cri d’alarme à l’opinion mondiale et à la communauté internationale et les appelle à mettre l’actuel gouvernement togolais devant ses responsabilités en matière de respects des droits de l’Homme et d’état de droit au risque de voir le Togo se retrouver au ban de la communauté internationale.

Attachée à la lutte contre l’impunité, la Ligue Togolaise des Droits de l’Homme (LTDH), demande, instamment et de toute urgence, la mise sur pied d’une commission d’enquête internationale indépendante sur les crimes qui se perpétuent au Togo depuis le coup d’État du 5 février 2005. Composée de personnalités et d’organisations internationales de défense des droits de l’Homme connues pour leur indépendance, elle aura à procéder aux investigations approfondies et à établir un rapport rigoureux sur la réalité et la gravité des actes criminels dont les autorités togolaises actuellement en place se sont rendues coupables.

Dans l’espoir que ces événements ne resteront pas impunis et que les victimes obtiennent réparation, la LTDH a pris l’initiative de collecter et d’établir rigoureusement les faits et d’élaborer le présent Mémorandum afin de porter à la connaissance de l’opinion nationale et internationale les graves violations des droits de l’Homme qui se multiplient au Togo depuis la disparition de feu le président Eyadéma Gnassingbé.

Par ce document, la LTDH souhaite que chacun comprenne l’urgence qu’il y a de se mobiliser pour exiger le respect des droits de l’Homme au Togo, et afin que ne se répètent pas les 38 années de dictature et d’oppression qui sont pour le peuple Togolais synonyme de peur, de tortures, de meurtres et de violences.

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