Retour sur la crise togolaise : l’exigence de justice demeure

23/11/2005
Rapport

Paris, le 18 novembre 2005 - La FIDH publie aujourd’hui le rapport de trois missions internationales d’enquête effectuées au Togo et au Bénin en 2005.

Le rapport de la FIDH revient également sur les importantes manipulations électorales observées notamment par son chargé de mission présent à Lomé pendant le scrutin présidentiel du 24 avril 2005 : vols d’urnes, invalidité des listes électorales, pressions politiques et militaires sur les électeurs.

La FIDH constate qu’aucune procédure judiciaire n’a encore été engagée contre les auteurs de ces crimes et s’inquiète de la réflexion au sein du pouvoir de l’adoption d’une loi d’amnistie. La Commission nationale d’enquête qui a publié son rapport le 10 novembre 2005 n’apporte aucune réponse à cette situation d’impunité. Elle manque à son mandat d’incrimination, ce qui confirme les plus grands doute émis sur son indépendance.

Enfin, dans son rapport, la FIDH dénonce les graves menaces et pressions orchestrées par les forces de l’ordre à l’encontre de toute personne ayant osé ou osant encore dénoncer le "hold-up électoral" d’avril 2005 et les graves violations des droits de l’Homme. Les sièges des organisations de défense des droits de l’Homme et leurs liaisons téléphoniques sont régulièrement surveillés. Des menaces sont encore proférées, via les médias gouvernementaux, contre les défenseurs des droits de l’Homme et leur famille. Récemment, le journaliste Jean-Baptiste Dzilan a été gravement agressé, roué de coups et empoisonné par une dizaine d’homme non identifiés.

Face à cette situation, la FIDH attend des autorités togolaises - comme Sidiki Kaba, président de la FIDH, a pu le faire valoir lors d’un entretien avec Faure Gnassingbé le 28 septembre 2005 - des actions concrètes : la poursuite devant la justice des auteurs des graves violations des droits de l’Homme ; le respect du droit des victimes à la vérité, à justice et à réparation ; le retour en toute sécurité des réfugiés ; et la refonte du cadre électoral en vue de l’organisation d’élections législatives libres, pluralistes et transparentes.

Comme le conclut Sidiki Kaba : "Faire table rase du passé récent serait une erreur des autorités nationales et attiserait encore plus les tensions existantes. Le pouvoir doit immédiatement relever le défi de la lutte contre l’impunité, de la construction de l’État de droit et d’une justice indépendante.".

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