Ballots not bullets ! Will human rights be respected in Liberia ?

16/01/2006
Rapport

A l’occasion de la prestation de serment de la présidente du Liberia Madame Ellen Johnson-Sirleaf, le 16 janvier 2006, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et son organisation affiliée, Liberia Watch for Human Rights (LWHR), publient un rapport conjoint intitulé Ballots not bullets ! Will human rights be respected in Liberia ? résultant d’une mission internationale d’enquête menée au Liberia du 21 août au 7 septembre 2005.

Dans un pays ravagé par des années de guerre civile et de mauvaise gouvernance, le mandat de six ans de la présidente Ellen Johnson-Sirleaf sera décisif pour l’avenir du Liberia.
En effet, le conflit libérien, qui remonte à 1989, a eu de graves répercussions sociales, politiques et humanitaires : on estime qu’il y a eu 250 000 victimes, 460 000 Libériens "déplacés" et plus de 350 000 réfugiés dans les pays limitrophes. Les écoles, les hôpitaux, les systèmes d’alimentation en eau et en électricité ont été détruits. L’économie nationale s’est presque totalement délitée. L’insécurité est encore prégnante, un nombre incalculable d’armes circulent toujours dans le pays.
Dans leur rapport conjoint, la FIDH et la LWHR considèrent que les élections générales de 2005, qui mettent un terme à la transition, se sont tenues de manière libre, transparente et équitable. Ce succès fait date et constitue un premier pas vers l’établissement de l’Etat de droit au Liberia.
Ce rapport met en avant les principaux défis posés aux autorités nouvellement élues en matière de droits de l’Homme.
Les priorités de la présidente Ellen Johnson-Sirleaf seront d’assurer le respect des droits économiques et sociaux, en conformité avec les standards internationaux des droits de l’Homme, notamment en rendant accessibles à tous l’éducation et la formation, en créant des emplois, en rétablissant les systèmes d’alimentation en eau et en électricité. En outre, les nouvelles autorités devront prendre des mesures drastiques afin de lutter efficacement contre la corruption, conformément à la Convention de l’Union africaine pour combattre et prévenir la corruption.
Un autre problème majeur réside dans la nécessité de combattre l’impunité, et de traduire en justice les auteurs des crimes de violations des droits de l’Homme et du droit humanitaire les plus graves commis pendant les guerres civiles. Il s’agit en outre de réformer le système judiciaire afin d’établir une paix durable au Liberia, ce qui ne pourra se faire qu’à travers le plein respect des droits des victimes à la vérité, à la justice et à réparation. Ces droits entraînent des obligations pour l’état : celles d’enquêter sur les violations, de poursuivre leurs auteurs et, si leur culpabilité est établie, de les condamner. à cet égard, la FIDH et la LWHR demeurent extrêmement préoccupées par le fait qu’aucun auteur de crimes graves commis pendant les guerres civiles n’a encore été poursuivi en justice.
La FIDH et la LWHR accueillent favorablement la mise en place de la Commission Vérité et Réconciliation du Liberia (TRC). L’exercice effectif du droit à la vérité est essentiel pour éviter que ne se reproduisent ces violations dans le futur.
La FIDH et la LWHR appellent en outre le Nigeria à coopérer avec la Cour spéciale pour la Sierra Leone pour l’extradition du précédent président libérien M. Charles Taylor, afin qu’il soit jugé.
Il est temps pour les nouvelles autorités libériennes d’agir en accord avec les attentes des victimes en matière de respect des droits de l’Homme et de justice. Tout pas en arrière remettrait en cause la délicate construction d’une paix durable dans le pays.

Voir le rapport de la FIDH : "Ballots not bullets ! Will human rights be respected in Liberia ?"

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