Lettre ouverte aux Etats africains parties au Statut de Rome

Les victimes des crimes les plus graves comptent sur vous

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et ses organisations membres et partenaires co-signataires de cette lettre [1]
appellent les Etats africains parties au Statut de Rome qui doivent se réunir à Addis Abeba, Ethiopie, les 8 et 9 juin prochains, à soutenir l’action de la Cour pénale internationale (CPI), instance judiciaire complémentaire des juridictions nationales, chargée de juger les auteurs des crimes les plus graves qui heurtent la communauté internationale dans son ensemble.

Cette réunion aurait été conviée par l’Union africaine pour réfléchir aux relations entre la CPI et l’Afrique et s’inscrit dans un contexte de critiques formulées par certains dirigeants africains à l’égard de la justice internationale depuis le mandat d’arrêt délivré le 4 mars 2009 par la CPI contre le président soudanais Omar El Beshir pour les crimes commis au Darfour.

Nos organisations rappellent que les Etats africains ont été très actifs dans la conception et la mise en oeuvre de la Cour pénale internationale affirmant ainsi que le droit à la justice pour les victimes des crimes internationaux – crimes de guerre, crime contre l’humanité et génocide -, est synonyme de prévention et participe aux processus de règlement des conflits qui déchirent le continent. Cette participation du continent africain à l’oeuvre de la justice internationale répond d’ailleurs aux objectifs et principes énoncés dans l’Acte constitutif de l’Union africaine de lutte contre l’impunité des auteurs des graves violations des droits de l’Homme.

Desmond Tutu, prix Nobel de la paix, a affirmé que soutenir la CPI c’est choisir le camp de la paix contre celui des bourreaux. Les Etats africains sont les plus nombreux à avoir fait ce choix, considérant que le premier Etat à avoir ratifié le Statut de la CPI est un Etat africain et que 30 d’entre eux sont désormais parties au Statut de Rome. Par ailleurs, trois Etats africains ont de leur propre initiative demandé à la CPI d’intervenir en complémentarité de leurs juridictions, jugeant celles-ci incapables de répondre à la souffrance des victimes.

« Les victimes africaines et les victimes du monde entier vous regardent. Retirer votre soutien à la CPI reviendrait à tourner le dos à ceux qui ont trop souffert des conflits et crises qui meurtrissent le continent africain », a déclaré Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH.

Alors que les crises et les conflits sont toujours autant présents dans le monde, il serait déplorable d’affaiblir ceux qui se placent du côté des victimes et de la paix en luttant contre l’impunité des auteurs des crimes les plus graves. En revanche, le moment est venu d’affirmer que cette justice internationale doit être véritablement universelle et concerner l’ensemble des continents, quels que soient les Etats et les auteurs des crimes concernés. C’est cela le combat que vous devez mener et pour lequel les victimes du monde entier vous regardent et vous soutiennent.

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