La Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples ne doit pas rester en Gambie

20/10/2009
Communiqué

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) se félicite de la résolution adoptée, le 11 octobre 2009, par la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples (CADHP) sur la détérioration de la situation des droits de l’Homme en République de Gambie, appelant notamment l’Union africaine à examiner la possibilité de transférer le siège du secrétariat de la Commission.

Compte tenu de la détérioration de la situation des droits de l’Homme en Gambie, siège de la CADHP, et des menaces graves qui pèsent sur les défenseurs des droits de l’Homme, les journalistes et toutes les voix contestataires, la Commission africaine, réunie en session extraordinaire à Dakar du 5 au 11 octobre 2009, a appelé l’Union africaine (UA) à lui fournir les ressources extra-budgétaires pour permettre la tenue de sa 46ème session à Addis Abeba, en Ethiopie ou dans tout autre Etat membre de l’UA, ainsi qu’à examiner la possibilité de transférer son secrétariat dans un autre pays au cas où la situation ne s’améliorerait pas.

La Commission africaine s’est en effet dite préoccupée par les propos tenus par le Président Gambien, le 21 septembre 2009, lors d’une émission diffusée à la télévision et à la radio nationales. Yahya Jammeh avait en effet menacé de tuer tous ceux qui chercheraient à saboter ou à déstabiliser son gouvernement, notamment les défenseurs des droits de l’Homme et tous ceux qui les soutiennent, des propos que la FIDH avaient fermement condamnés [1].

« Cette résolution de la CADHP est un rappel à l’ordre fort au président Jammeh. On ne peut pas impunément se permettre de menacer de mort les défenseurs des droits de l’Homme, qui plus est quand on abrite l’instance chargée de veiller au respect des instruments africains de protection des droits de l’Homme » a déclaré Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH.

Les propos tenus par le président gambien reflètent de manière significative la détérioration de la situation des droits de l’Homme dans ce pays où les entraves à la liberté d’expression, les arrestations, détentions arbitraires, assassinats et harcèlements judiciaires de journalistes ou de défenseurs des droits de l’Homme sont récurents. Compte tenu de l’intensification de ces violations graves des droits de l’Homme, la FIDH, a, à plusieurs occasions, appelé l’Union africaine à transférer le siège de la CADHP dans un autre pays.

« Une fois de plus, nous appelons l’Union africaine à transférer le siège de la CADHP. Il en va de la sécurité des défenseurs des droits de l’Homme et plus généralement de la crédibilité de cette instance qui est un espace d’expression incontournable pour les défenseurs. Le maintien du siège de la CADHP en Gambie est incompatible avec son mandat et l’objectif qu’elle s’est fixée » a poursuivi la présidente de la FIDH.

Plus généralement, la FIDH appelle les pays accueillant les institutions, organes et juridictions de protection des droits de l’Homme à apporter, au titre de l’exemplarité que confère l’acceuil de telles institutions, une attention particulière au respect des droits de l’Homme et en particulier des défenseurs des droits de l’Homme. A ce titre, la FIDH appelle la République fédérale d’Ethiopie, siège de l’Union africaine (UA), à cesser les atteintes à l’encontre des défenseurs des droits de l’Homme en Ethiopie et à respecter pleinement les dispositions de la Charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples.

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