Positions fermes de la CADHP face aux situations de crises qui sévissent sur le continent africain

La FIDH et ses organisations membres se félicitent des positions fermes adoptées par la Commission africaine des droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) à l’issue de sa 51ème Session ordinaire face aux situations de conflits et de crises politiques, sécuritaires et humanitaires qui sévissent dans plusieurs pays du continent. La FIDH, qui réclamait depuis plusieurs sessions des prises de position plus offensive de la Commission africaine [1] , appelle aujourd’hui les États membres de l’Union africaine à donner effet immédiat aux résolutions qui viennent d’être adoptées.

Les États du Soudan et du Sud Soudan sont ainsi appelés à prendre toutes les mesures nécessaires pour préserver la paix et la sécurité de leurs populations respectives en apportant des réponses immédiates aux questions qui les opposent. « L’option militaire doit laisser place à l’option politique. Seule la reprise des négociations sur les questions fondamentales que sont la répartition des richesses, la démarcation des frontières ou encore la citoyenneté permettra d’éviter l’embrasement d’une sous-région dont les populations civiles seront une fois de plus les principales victimes », estime Souhayr Belhassen, Présidente de la FIDH, qui a porté ce message devant la Commission africaine. Répondant à l’appel lancé par la FIDH et son organisation membre, le African Center for Justice and Peace Studies (ACJPS), la Commission africaine a par ailleurs dénoncé la dégradation de la situation sécuritaire dans les régions soudanaises du Sud Kordofan et du Nil Bleu où un conflit d’une extrême violence opposant depuis près d’un an les forces armées nationales au Mouvement de Libération du Peuple du Soudan (SPLM-N) a déjà entraîné la mort de centaines de civils et le déplacement forcé de milliers d’autres.

La Commission africaine a par ailleurs rappelé l’importance des dispositions contenues dans la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance et de fait dénoncé les changements anticonstitutionnels de gouvernement survenus récemment au Mali ou en Guinée-Bissau. La situation politique et sécuritaire qui prévaut, dénoncée par la FIDH lors de cette session, appelle à la préservation de l’intégrité territoriale au Mali [2] et à la ré-instauration d’institutions démocratiques solides permettant une sortie de crise dans ces deux pays. Un retour à la stabilité est primordiale dans une sous-région de l’Afrique de l’Ouest également marquée par la persistance, comme au Nigeria, d’actes de violences perpétrés par divers groupes armés.

Les violations des droits civils et politiques observés dans plusieurs pays ont eux aussi fait l’objet d’une attention particulière de la Commission africaine. Ainsi, ont été dénoncées les entraves récurrentes à l’action des défenseurs des droits de l’Homme dans des pays comme l’Éthiopie – où la Loi sur les associations adoptée en 2009 continue de porter sérieusement atteinte à l’action des organisations de défense des droits humains – le Swaziland, où les autorités continuent de contrevenir aux libertés fondamentales d’expression, d’association et de réunion – la Somalie, où les conséquences du conflit armé n’épargnent pas les journalistes, qui continuent d’être en proie aux assassinats perpétrés en toute impunité. La FIDH se félicite de ce que la Commission appelle clairement à l’amendement de la Loi éthiopienne sur les associations, au respect des libertés fondamentales au Swaziland et à ce que justice soit rendue aux journalistes assassinés en Somalie. Autant de recommandations maintes fois portées par notre organisation [3].

Enfin, la FIDH salue l’adoption d’une résolution appelant les États membres de l’UA à ratifier le Protocole au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. La FIDH a en effet soutenu l’adoption d’une telle résolution en appelant elle-même les États africains à faire preuve de leadership en ratifiant ce Protocole, dont l’entrée en vigueur permettra d’affirmer l’importance de l’accès à la justice pour les plus pauvres et les marginalisés.

« Si cette session de la CADHP a répondu à la plupart de nos attentes, l’enjeu majeur reste désormais celui de la mise en œuvre de ses résolutions par les États qui ne peuvent selon nous rester impassibles face à l’urgence et la gravité des situations. L’autre enjeu reste évidemment celui des recommandations qui seront adressées au Soudan et à l’Angola, les deux États examinés lors de cette session. Nous attendons de la Commission africaine qu’elle adopte des recommandations publiques qui soient à la hauteur des défis que connaissent ces États » a déclaré Mabassa Fall, Représentant de la FIDH auprès de l’Union africaine.

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