Souhayr BELHASSEN ouvre le Forum des ONG

C’est un grand honneur pour moi d’être parmi vous à l’ouverture de notre Forum de participation des ONG à la 42ème session de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples (CADHP).

J’ai tenu à réserver à notre Forum mon premier déplacement en Afrique sub-saharienne en tant que présidente de la FIDH.

Je profite immédiatement de l’occasion qui m’est donnée pour remercier au nom de la FIDH et j’ose dire, au nom de l’ensemble des ONG participants au Forum, pour son énergie et son extraordinaire travail, Mme Hana Foster et toute son équipe du Centre africain.

Le Forum de participation des ONG constitue depuis plusieurs années un cadre unique d’échanges, de renforcement mutuel, et de soutien constant à l’action de la Commission africaine.

Le dynamisme du Forum, l’importance de notre implication dans celui-ci témoignent d’abord de l’ampleur et de l’extrême gravité des violations des droits de l’Homme sur le continent. Mais ils témoignent tout autant de nos attentes à l’égard de la Commission africaine, de notre espoir d’une institution renforcée, pro-active, engagée ; et surtout d’une institution écoutée et entendue par les Etats et les instances politiques de l’Union africaine et ce au plus haut niveau.

2007 est une année particulière pour la Commission africaine : Les 20 ans de son entrée en fonction. 20 ans !! L’âge adulte, l’âge de l’émancipation, l’âge de la liberté assumée, l’âge de tout les possibles :

 La Commission africaine doit explorer les thématiques les plus délicates et essentielles : protéger les défenseurs des droits humains, garantir effectivement les droits des femmes, restituer aux personnes migrantes le droit aux droits, en finir avec la peine de mort, en finir avec le mépris pour les droits économiques, sociaux et culturels, en finir avec le fléau de l’impunité, lutter contre le terrorisme et démasquer la lutte anti-terroriste quand elle prend le visage de l’arbitraire.

 La Commission africaine doit élaborer les normes juridiques nécessaires à cette fin et garantir l’effectivité de leur mise en œuvre

 Et surtout, la Commission africaine doit qualifier et réagir avec force aux situations de violations flagrantes des droits de l’Homme : on ne soulignera jamais assez la singularité de cette instance sur le continent, et l’importance du rôle et de la voix de la Commission africaine. Pour nous, ONG, la voix de la Commission, doit être avant tout la voix des sans voix. A l’avant-veille de cette 42ème session, les victimes du Darfour, de la République démocratique du Congo, de la République centrafricaine, de Somalie et du Zimbabwe attendent de la CADHP des réponses concrètes à la terreur qu’elles subissent et à la misère qu’elles affrontent.

A cette fin, les efforts de la Commission africaine pour la mise en oeuvre effective de la Cour africaine doivent être salués. Reste que le défi de la Cour demeure celui de son appropriation par les individus et les ONG.

Je ne peux conclure sans évoquer le lieu retenu pour cette 42ème session de la Commission africaine et le 20ème anniversaire de son entrée en fonction : le Congo-Brazzaville ! Pays meurtri par les guerres, frappé jusqu’à aujourd’hui, par des très graves violations des droits de l’Homme. Je veux, à l’ouverture de notre Forum de participation des ONG, rendre hommages à nos collègues défenseurs des droits humains au Congo, qui font preuve d’un engagement exemplaire dans un contexte difficile. Un contexte marqué en particulier par l’impunité des auteurs de disparitions forcées : une plaie béante et à ce jour demeurée sans réponse effective. Nous devons marquer ce point publiquement et avec force : j’ai ainsi le plaisir, au nom de la FIDH et de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme, d’inviter tous les participants au Forum et les membres de la Commission à honorer la mémoire des victimes du massacre du Beach de Brazzaville. Cette commémoration sera précédée, mardi 13 novembre au matin, d’une conférence sur les disparitions forcées. Elle se déroulera mardi midi aux côtés du Collectif des parents des victimes du Beach, au port autonome, sur le lieu symbolique de ce massacre dont les coupables demeurent impunis.

Que les travaux de notre Forum soient féconds !!
Je vous remercie.

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