Mali : pour un renforcement du mandat de la MINUSMA

15/06/2016
Communiqué
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(Bamako, New York) Alors que le mandat de la Mission intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) doit être renouvelé le 30 juin, la FIDH et l’AMDH demandent au Conseil de Sécurité des Nations Unies de fournir à la Mission les moyens de défendre son mandat dans un contexte sécuritaire extrêmement dégradé qui rend difficile la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, lequel est par ailleurs ralenti par le manque de volonté politique des parties signataires.

En effet, depuis la signature définitive de l’Accord de paix en mai et juin 2015, la situation sécuritaire n’a eu cesse de se détériorer, la population civile et les personnels de la MINUSMA faisant face à une recrudescence d’attaques armées, en particulier dans le nord du pays, et à de nombreuses violations des droits humains commises par des groupes armés terroristes ainsi que par les groupes pro-gouvernementaux et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).

A cet égard, la FIDH et l’AMDH recommandent au Conseil de Sécurité de conserver un mandat fort en matière de protection des civils et de donner à la MINUSMA les moyens de défendre son mandat. Aussi les règles d’engagement militaire de la Mission devraient être clarifiées dans le mandat et ses capacités renforcées, notamment par une meilleure formation des troupes avant leur déploiement dans un tel contexte asymétrique et le renforcement des équipements militaires terrestres et aériens.

Le centre du pays, et en particulier la région de Mopti, continue d’être le théâtre de violations graves des droits de l’Homme commises dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et dans un contexte d’incitation à la violence inter-communautaire qui a entraîné plusieurs meurtres de civil. Des arrestations et détentions arbitraires, disparitions forcées et tortures ayant entrainé des morts des civils, visant notamment la communauté Peuhl, seraient principalement imputables aux forces armées maliennes engagées dans la lutte contre le Front de libération du Macina, affilié au groupe terroriste Ansar Dine.

La FIDH et l’AMDH recommandent donc un renforcement de la présence de la MINUSMA dans cette région, par le déploiement d’une force de police internationale afin d’assurer le retour à la stabilité et la restauration de l’autorité de l’Etat.

Comme elles l’ont rappelé aux Etats-membres du Conseil de sécurité lors d’une interface organisée à New-York en mai 2016 ainsi que dans la note de plaidoyer publiée en février, nos organisations, qui accompagnent de nombreuses victimes de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre commis pendant le conflit malien à partir de janvier 2012, attendent que les autorités maliennes prennent leurs responsabilités et garantissent l’accès effectif des victimes à la justice.

Les conditions sécuritaires ne permettant pas aux magistrats de retourner et de travailler dans les régions du nord en sécurité et alors que la poursuite des responsables de crimes internationaux est nécessaire à l’établissement d’une paix durable, la FIDH et l’AMDH proposent la création d’un pôle judiciaire spécialisé pour connaître des graves violations des droits de l’Homme commises au nord du pays et demandent la mise en place immédiate de la commission internationale d’enquête prévue dans l’Accord de Ouagadougou et l’Accord d’Alger.

La MINUSMA devrait également inciter le gouvernement du Mali à adopter les mesures nécessaires afin de garantir la protection des victimes et des témoins.

Nos organisations demandent enfin au Conseil de Sécurité de donner mandat à la MINUSMA d’accompagner les autorités maliennes dans la préparation et l’organisation des élections locales prévues à l’automne prochain, étape indispensable pour le redéploiement de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire dans les meilleurs délais.

Lire toutes les recommandations de la FIDH et de l’AMDH au sujet de la MINUSMA.

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