La transition vers une énergie sans combustibles fossiles ne doit pas se faire aux dépens des communautés et des défenseur·es

Jeanne Menjoulet / Wikimedia Commons

Dans deux contributions distinctes aux procédures spéciales des Nations unies, la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) met en garde sur les risques qui pèsent sur les communautés exposées et les défenseur·es des droits humains, lorsque les politiques et projets censés décarboner l’économie ne placent pas la protection des droits humains au centre de leurs priorités.

5 mai 2025. Le dérèglement climatique a d’ores et déjà des conséquences négatives majeures sur les droits humains dans le monde entier. Une transition immédiate sortant des combustibles fossiles est indispensable afin d’éviter les pires impacts. Elle serait également l’occasion de transformer l’économie afin de la mettre en conformité avec les obligations en matière de droits humains et un développement réellement durable.

Le système des Nations unies accorde une attention de plus en plus importante au rôle que peuvent jouer les droits humains pour orienter et éclairer une transition juste, mais aussi à la manière dont les politiques de décarbonation, dans leur conception actuelle, peuvent affecter ces droits. En avril 2025, le travail intense de la FIDH sur ce sujet s’est enrichi de deux nouvelles soumissions aux rapporteur·es spéciaux·les des Nations unies.

L’extraction et la transformation des « minéraux critiques »

En amont d’un prochain rapport à l’Assemblée générale des Nations unies, le rapporteur spécial des Nations unies sur le changement climatique a sollicité des contributions sur les impacts positifs et négatifs des différentes sources, échelles et étapes du développement des énergies renouvelables sur les droits humains, dans le cadre d’une transition juste et en lien avec les « minéraux critiques ».

La FIDH a soumis une contribution, disponible uniquement en anglais, en collaboration avec ses organisations membres, Acción Ecológica (Équateur), Association marocaine des droits humains (Maroc), Ligue des droits de l’Homme (France), Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme et du citoyen (Guinée), et avec son partenaire TrendAsia.

Cette contribution met en lumière les violations et atteintes aux droits humains résultant d’une nouvelle série d’exploitations minières, alimentée par la demande en minéraux nécessaires aux chaînes d’approvisionnement en énergies renouvelables ou à la décarbonation d’autres secteurs de l’économie. Les activités actuelles et futures doivent impérativement éviter de reproduire les injustices du passé et garantir la protection des communautés, des travailleur·euses, des peuples autochtones et des défenseur·es des droits environnementaux.

Les organisations soulignent la nécessité de dispositifs efficaces en matière de prévention et de responsabilité des entreprises, ainsi que l’urgence d’une transition vers « une économie centrée sur les droits humains  » qui place les droits humains au cœur des modèles économiques.

Une transition qui constitue un soutien et non une menace pour les défenseur·es

Les défenseur·es des droits environnementaux jouent un rôle essentiel pour défendre la santé de notre planète, les droits des communautés affectées et la recherche de solutions durables. Ils et elles font également pression sur les gouvernements afin qu’ils respectent leurs obligations liées au climat en vertu du droit international relatif aux droits humains et de l’Accord de Paris.

La Rapporteure spéciale des Nations unies sur la situation des défenseurs des droits humains consacrera son prochain rapport thématique à la situation des défenseur·es œuvrant contre le changement climatique et œuvrant en faveur d’une transition juste. Dans le cadre de l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains, un partenariat entre la FIDH et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), la FIDH a soumis des exemples concrets (en anglais uniquement) d’initiatives et de réalisations mises en œuvre par des défenseur·es des droits humains engagé·es en faveur de la transition et des avancées juridiques et judiciaires positives visant à protéger leur action.

De même, les soumissions de la FIDH rendent compte des cas de représailles et de répression infligés par des acteur·ices étatiques et non étatiques aux défenseur·es s’opposant à des projets de grande envergure ou réclamant la sortie des énergie fossiles. L’Observatoire a appelé les États, les institutions de financement du développement et les entreprises à garantir un espace sûr et propice à l’action des défenseur·es des droits environnementaux, en réitérant ses revendications dans une autre contribution du groupe de travail sur les droits humains et le changement climatique.

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