Réconciliation et lutte contre l’impunité

Comment refonder le pacte social dans des sociétés profondément divisées par les conflits internationaux, les violences de la guerre civile ou les exactions d’un régime oppressif ? Comment faire face au passé afin de se tourner, avec confiance et soulagement, vers le futur ?

Une terme aux contours indéfinis semble répondre à ces intérrogations : la "réconciliation".

Suivant les situations considérées, la réconciliation repose sur des exigences diverses : la fin des hostilités, le règlement durable du conflit, le rétablissement de la confiance entre gouvernés et gouvernants, la reconnaissance des crimes passés, le respect des droits de l’Homme, notamment la jouissance des libertés fondamentales, le droit à la justice, ainsi que le droit au développement - soit les moyens financiers d’assurer la sécurité humaine au sens du Programme des Nations-unies pour le développement.

La problématique naît du fait que la réconciliation concerne différents acteurs -les représentants d’un Etat, les forces militaires et politiques et la population civile- et que leurs exigences peuvent diverger, voire s’entrechoquer. Ainsi, toutes les instances nationales ou internationales qui se sont impliquées dans le règlement de situation de conflits, se sont inévitablement trouvées face à un dilemne : comment conciler le construction de la paix et le respect de la justice ?

Pour certains, ces deux objectifs sont contradictoires. La recherche inexorable de la justice constituerait un obstacle à la paix. Insister, partout et toujours, pour sanctionner ceux qui se sont rendus coupables de manquements graves aux droits de l’Homme et au droit international humanitaire, pourrait compromettre un processus de réconciliation fragilisé par le rôle politique qu’y peuvet tenir les anciens chefs de guerre criminels. Pour la FIDH, il ne saurait y avoir de véritable paix sans justice. Fermer les yeux sur l’impératif de la justice uniquement pour parvenir à un accord, hypothèquerait ce dernier.

L’expérience issue des nombreuses tentatives de réconciliation démontre qu’aucune paix durable n’a pu s’établir sans l’intervention indépendante du judiciaire. L’amnistie - ou bien souvent d’ailleurs l’auto-amnistie - et le pardon, dérogent au principe fondamental de la responsabilité sapant ainsi tout effort de prévention de nouveaux crimes, base d’une réconciliation. En effet l’oeuvre de justice ne s’exprime pas uniquement par la sanction mais également par la prévention. La FIDH estime ainsi essentiel que les auteurs des crimes les plus graves - crimes de guerre, génocide, crimes contre l’humanité - puissent être poursuivis et jugés pour asseoir une réconciliation dans la continuité. Pour saborder l’esprit de vengeance - terreau fertile à toute insécurité - il est primordial que les victimes de violations des droits de l’Homme et du droit international humanitaire aient droit à la vérité, la justice, la reconnaissance et la réparation.

Lire la suite