Crise - Burundi : "Il faut agir de toute urgence"

Cri d'alarme de la FIDH, d'Amnesty International et de l'Organisation internationale de la francophonie à l'endroit de la communauté internationale.

(avec AFP)

Les forces de sécurité burundaises près du lieu de l'attaque qui a coûté la vie au général Athanase Kararuza le 25 avril 2016 à Bujumbura.
Les forces de sécurité burundaises près du lieu de l'attaque qui a coûté la vie au général Athanase Kararuza le 25 avril 2016 à Bujumbura. © AFP PHOTO / ONESPHORE NIBIGIRA

Temps de lecture : 4 min

Mardi, la FIDH, Amnesty International et l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) ont dénoncé les meurtres, tortures et viols commis depuis le début de la crise politique qui a éclaté il y a tout juste un an au Burundi après l'annonce de la candidature du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat obtenu en juillet.

La newsletter afrique

Tous les mardis à 16h45

Recevez le meilleur de l’actualité africaine.

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

Au moins 700 morts, selon la FIDH et Iteka

La Fédération internationale des Ligues des droits de l'homme (FIDH) et son organisation membre au Burundi (Iteka) évoquent dans un communiqué une « crise politique sanglante caractérisée par de graves violations des droits humains, commises en grande majorité par les forces de sécurité burundaises sur ordre des autorités ». Elles racontent notamment la mort d'un étudiant de 17 ans le 26 avril 2015, « assassiné à bout portant par un policier alors qu'il était à genoux sur la voie publique et avait les bras en l'air ». « Il faut enrayer ce cycle meurtrier de la violence », disent-ils. Selon un responsable onusien en poste à Bujumbura, ces violences ont déjà fait plus de 500 morts, tandis que le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés estime désormais à plus de 270 000 le nombre de Burundais qui ont fui leur pays. La FIDH et Iteka estiment, elles, à au moins 700 le nombre de tués depuis le début de la crise. « Des centaines de personnes » ont également été « torturées » et « plusieurs dizaines de femmes victimes de violences sexuelles », ajoutent ces deux organisations, comptabilisant par ailleurs 4 300 détenus et 800 disparus.

« Un dédain profond envers les droits humains », selon Amnesty

« Les Burundais ont payé un lourd tribut dans cette escalade de violence des 12 derniers mois », a déclaré de son côté Muthoni Wanyeki, directrice régionale d'Amnesty International, citée dans un communiqué. « Les meurtres, les tortures, les arrestations arbitraires et les disparitions forcées ont atteint des niveaux alarmants », a-t-elle ajouté. Regrettant un « dédain profond envers les droits humains », elle a appelé à ce que « ces violations fassent l'objet d'enquêtes impartiales et que les individus soupçonnés d'en être responsables, dont ceux qui représentent l'appareil d'État, soient poursuivis dans des procès équitables ». Après l'adoption d'une résolution au Conseil de sécurité le 2 avril, l'ONU planche sur l'envoi d'une présence policière onusienne au Burundi, les préconisations allant de 3 000 à quelques dizaines d'agents.

« Il faut rapidement permettre le déploiement de la police onusienne, selon l'OIF

Du côté de l'Organisation internationale de la francophonie, la secrétaire générale de la Francophonie, Mme Michaëlle Jean, condamne fermement l'attaque qui a causé la mort du général Athanase Kararuza, conseiller du premier vice-président burundais en matière de défense et de sécurité, ainsi que celle de son épouse et de sa fille, le 25 avril 2016, à Bujumbura. Elle condamne également les assassinats du lieutenant-colonel Emmanuel Buzubona, le 20 avril 2016, et du lieutenant-colonel Darius Ikurakure, le 22 mars 2016, ainsi que les attaques dans lesquelles ont été blessés, le 24 avril 2016, M. Martin Nivyabandi, ministre des Droits de la personne humaine, des Affaires sociales et du Genre, et le colonel Donatien Ndabigeze, membre des services de renseignements. « La multiplication d'attaques ciblées visant des personnalités politiques et militaires, ainsi que les citoyennes et citoyens burundais, est le signe d'une détérioration de la situation sécuritaire à laquelle il faut mettre un terme de toute urgence », a déclaré Mme Jean. « Dans ce contexte, il faut que les dispositions nécessaires soient prises rapidement en vue du déploiement de la force de police onusienne, prévue par la résolution 2279 adoptée à l'unanimité par le Conseil de sécurité des Nations unies, le 1er avril 2016 », a-t-elle souligné.

La secrétaire générale de la Francophonie salue la décision de la procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Mme Fatou Bensouda, d'entamer un examen préliminaire sur les violences commises au Burundi depuis avril 2015. « Toutes les mesures doivent être prises pour rétablir la stabilité au Burundi. C'est pourquoi j'encourage, comme annoncé par le président Benjamin Mkapa, facilitateur au titre de la médiation régionale, l'ouverture prochainement, à Arusha, du dialogue inclusif. La tenue d'un tel dialogue, réellement inclusif et associant toutes les parties dans un esprit constructif, permettra un apaisement des tensions et une solution à la crise burundaise », a-t-elle ajouté. Pour rappel, la gravité de la situation au Burundi a conduit le Conseil permanent de la francophonie (CPF), réuni à Paris le 7 avril 2016 pour sa 97e session, à suspendre temporairement la coopération multilatérale francophone en faveur de la République du Burundi, en vertu du chapitre V de la Déclaration de Bamako. Cette décision induit la suspension de toute coopération avec le Burundi, à l'exception des programmes qui bénéficient directement aux populations civiles et de ceux qui peuvent concourir au rétablissement de la démocratie.