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Accusé de destruction de mausolées à Tombouctou, Ahmad Al-Mahdi pourrait être poursuivi pour meurtre

L’ancien commandant d’Ansar Eddine, qui a comparu mercredi 30 septembre devant la CPI, est suspecté de crimes de guerre.

Par  (La Haye, correspondance)

Publié le 01 octobre 2015 à 12h36, modifié le 01 octobre 2015 à 11h31

Temps de Lecture 3 min.

Ahmad Al-Faqi Al-Mahdi, devant la CPI, mercredi 30 septembre.

A Tombouctou, il avait un rôle majeur au sein de son groupe djihadiste. Ahmad Al-Faqi Al-Mahdi, alias Abou Tourab, a comparu, à La Haye mercredi 30 septembre, devant un juge de la Cour pénale internationale (CPI), en tant qu’ancien chef de « la brigade des mœurs » de la Ville des 333 saints.

En costume-cravate, l’homme a semblé peu à l’aise avec la machine judiciaire de La Haye lors de sa première comparution. « Je suis de la tribu Al-Ansar, a-t-il déclaré en arabe. Je suis né il y a environ quarante ans et j’ai un diplôme de professeur. » Le juge italien, Cuno Tarfusser, a fixé au 18 janvier 2016 la prochaine audience. Le procureur ouvrira alors une partie du dossier pour prouver qu’il détient suffisamment de preuves pour renvoyer le suspect en procès.

Commandant d’Ansar Eddine

Détenu au Niger pour fourniture d’armes, ce Touareg du nord du Mali, ancien membre du groupe Ansar Eddine, a été transféré aux Pays-Bas samedi 26 septembre à la suite d’un mandat de la Cour, émis le 18 septembre. Ahmad Al-Mahdi, comme il a demandé au juge de le désigner, est suspecté de crimes de guerre pour la destruction de neuf mausolées et de la mosquée Sidi Yahia à Tombouctou, entre le 30 juin et le 10 juillet 2012.

Plusieurs groupes djihadistes, dont Ansar Eddine et AQMI, s’étaient emparés des principales villes du nord du Mali en avril 2012, avant d’en être délogés par l’intervention militaire française de janvier 2013. Considéré comme l’un des commandants d’Ansar Eddine, formé pour l’essentiel de Touaregs affiliés à AQMI, Ahmad Al-Mahdi était, selon le mandat d’arrêt, à la tête de la « hesbah », soit la brigade des mœurs de la ville. Il aurait, à ce titre, été associé aux décisions du tribunal islamique, dont celle de détruire ses monuments, inscrits au Patrimoine mondial de l’humanité. Peu avant la destruction des mausolées, l’Unesco avait inscrit la ville sur la liste du patrimoine en péril.

Selon le mandat d’arrêt, les pièces comportent notamment des dépositions de témoins, enregistrées « par des autorités nationales ». Selon plusieurs sources, Paris avait, à l’époque, accepté de coopérer.

Une première pour la CPI

Le juge italien semble bien décidé à accélérer les procédures, mais il faudra sans doute attendre plusieurs années avant de connaître le verdict. La peine maximale prévue par la Cour est de trente ans de prison. Jusqu’ici, deux miliciens congolais ont été condamnés par la Cour à des peines de douze et quatorze années de détention. Mais c’est la première fois que les juges se prononceront sur la destruction d’édifices religieux.

La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et l’Association malienne des droits de l’homme (AMDH) ont, néanmoins, regretté que le suspect ne soit poursuivi que pour une partie seulement des crimes qu’ils auraient perpétrés. « La destruction de monuments historiques et religieux est un affront sérieux à l’humanité, ont estimé les deux organisations. Mais les dommages à notre patrimoine culturel ne devraient, cependant, pas occulter les violences terribles », commises par les djihadistes.

L’organisation estime que, « pour les victimes de ces crimes, Abou Tourab et les autres responsables d’AQMI et Ansar Eddine doivent être poursuivis pour les crimes odieux infligés » à la population. Le 6 mars, les deux organisations avaient porté plainte contre Al-Mahdi et 14 autres djihadistes au nom de 33 victimes, devant un tribunal de Bamako. Elles leur reprochent des tortures, des détentions arbitraires, des meurtres et des violences sexuelles, et estiment qu’« en l’absence d’avancée de la justice malienne, ce devrait être de la responsabilité de la CPI » de se saisir aussi de ces crimes.

Dans son mandat d’arrêt, le juge signale que le suspect, qui compte toujours parmi les hauts responsables d’Ansar Eddine, ne peut comparaître librement, car « Ansar Eddine et AQMI pourraient mobiliser les moyens et les ressources suffisantes… pour lui permettre de fuir et donc de se soustraire aux poursuites. » Au plus fort du conflit, le gouvernement malien avait demandé à la Cour d’enquêter, mais Fatou Bensouda, procureure de la CPI, n’avait enclenché ses premières investigations que dix jours après le début de l’opération « Serval » dans le nord du Mali, en janvier 2013.

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