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Au Mali, les victimes de la crise de 2012 attendent toujours qu’on leur rende justice

Une nouvelle audience de l’islamiste Ahmad Al-Faqi s’ouvre mardi devant la CPI.

Par  (contributeur Le Monde Afrique, Bamako)

Publié le 01 mars 2016 à 16h57, modifié le 01 mars 2016 à 15h29

Temps de Lecture 2 min.

Des combattants islamistes du groupe Ansar Dine en 2012 près de Tombouctou.

Cinq mois après sa première comparution devant la Cour pénale internationale (CPI), Ahmad Al-Faqi Al-Mahdi sera à nouveau entendu par la justice mardi 1er mars. L’islamiste, soupçonné d’avoir participé à la destruction des mausolées de Tombouctou, attend la confirmation ou non des charges qui pèsent contre lui. Ex-chef de la police islamique, il est le premier suspect arrêté dans l’enquête ouverte début 2013 portant sur les exactions commises par les groupes djihadistes dans le nord du Mali.

Mais, alors que le gouvernement malien se félicite d’« un grand pas vers la justice », les organisations de défense des droits de l’homme dénoncent, elles, une tentative de diversion. « C’est de la poudre aux yeux. Le cas Ahmad Al-Faqi n’est que la partie visible de l’iceberg », déplore Moussa Traoré, membre de l’Association malienne des droits de l’homme, qui s’interroge sur le retard à l’allumage de la commission d’enquête internationale promise par l’accord d’Alger, signé en 2015 entre les autorités et les rebelles touaregs.

Le problème ne saurait être réglé à coups d’annonce, insistent les ONG maliennes, accusant le concept de justice transitionnelle derrière lequel s’abrite Bamako. Ce dispositif, mis en place par le gouvernement malien pour rendre justice aux victimes de la crise politico-sécuritaire de 2012, adjoint à la justice classique l’action d’une commission justice, vérité et réconciliation. Un appareil trop lourd et peu efficace. Pour Mariam Cissé, une des nombreuses victimes de viol prises en charge par l’Association pour la protection des droits des femmes, « la réconciliation nationale passe inéluctablement par le règlement de ces questions ». « Les destructeurs d’édifices religieux et monuments historiques sont les mêmes qui ont violé, volé et tué », assure-t-elle au Monde Afrique.

Libération de djihadistes

Symbole des ratés de la justice malienne, la libération de dizaines de combattants islamistes passe particulièrement mal. Sur les 220 membres des groupes armés sortis des prisons de Bamako, 40 au moins auraient dû faire l’objet de poursuites, estime le directeur du Bureau Afrique de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), Florent Geel. Parmi ces hommes figure notamment Ag Alfousseini Houka Houka, le juge islamique à l’origine de plusieurs peines de mutilation, lapidation et autres sévices corporels dans la cité des 333 Saints.

« Nous n’abandonnons pas l’idéal de justice, mais nous tenons compte des réalités de terrain pour créer les conditions nécessaires à la sérénité et au retour de la confiance entre Maliens », se défend le ministre de la réconciliation nationale, Zahabi Ag Mohamed. La sortie de crise implique des efforts à faire de part et d’autre, insiste-t-il, « et les libérations font partie de ces efforts ».

Seulement, souligne la FIDH, le gouvernement semble privilégier la lutte contre le terrorisme à la justice, quel que soit le bord des accusés. Les organisations de défenses des droits de l’homme souhaiteraient ainsi voir incriminée les soldats maliens cités dans plusieurs cas de kidnapping, exécution et viol pendant l’offensive de reconquête du Nord en 2013.

La FIDH a déjà déposé deux plaintes auprès des tribunaux maliens. La première, introduite en novembre 2014, concerne 80 victimes de viols commis pendant l’invasion djihadiste dans le nord du Mali, et la seconde, beaucoup plus récente, vise les auteurs du coup d’Etat du 22 mars 2012. « On ne peut pas laisser indéfiniment aux victimes d’atrocités leurs yeux pour pleurer », explique Florent Geel. Et d’avertir : « La lutte antiterroriste ne doit pas devenir une lutte contre les populations ».

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