MICHAELA KOPALOVA - REPUBLIQUE TCHEQUE
Michaela Kopalova est avocate et membre de la Ligue tchèque des droits de l’Homme, organisation membre de la FIDH. Depuis de nombreuses années, elle lutte contre les violations des droits des femmes en République tchèque, notamment les discriminations envers les femmes Roms.
« La protection législative contre les discriminations reste insuffisante. Malgré les recommandations formulées par des instances internationales, dont l’Union européenne, le Parlement tchèque n’a toujours pas adopté une législation anti-discriminatoire suffisamment exhaustive. Sur le marché du travail les femmes subissent des discriminations aussi bien directes qu’indirectes. Les femmes Roms sont victimes de discriminations particulièrement graves, notamment en raison du sentiment anti-Roms très répandu. » (Voir le rapport alternatif soumis par la Ligue tchèque au Comité des Nations unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes)
La pratique des stérilisations forcées ou involontaires des femmes Roms était largement utilisée pendant et après l’époque communiste. Depuis 2004, Michaela accompagne des victimes dans leurs démarches pour la justice et la réparation. Son travail et celui de la Ligue ont contribué à ce que ces violations soient reconnues par les autorités et condamnées par les tribunaux tchèques. Aujourd’hui, elle poursuit son action pour l’élaboration de mesures d’indemnisation pour les victimes pour permettre aux femmes victimes des stérilisations forcées d’obtenir une réparation adéquate.
Depuis sa création, la Ligue tchèque des droits de l’Homme mène un travail particulier pour apporter une aide juridique et psychologique aux victimes des violences domestiques. « En raison de l’insuffisance de programmes de formation pour la police, le corps médical et les instances de protection des enfants, ainsi que l’inexistence de programmes de réhabilitation pour victimes et leurs agresseurs et l’absence totale de services d’assistance aux victimes dans certaines régions, l’action des instances publiques tchèques dans ce domaine s’avère inefficace. » La vulnérabilité des victimes de crimes sexuels et de la violence domestique n’est pas suffisamment prise en compte par le système de justice pénale. Maintenant, la Ligue tchèque agit pour l’adoption d’une nouvelle législation en matière de protection des victimes.
« Notre combat passe par notre mobilisation et notre solidarité. Notre rôle en tant que défenseurs des droits des femmes est de faire parvenir le message des sans-voix. Témoigner c’est se battre »
Vice-présidente de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme (LTDH) et de la FIDH, Souhayr Belhassen est journaliste de profession. Elle est engagée sur de nombreux fronts en faveur des droits humains, aux cotés de la FIDH, à commencer par celui de la défense des droits des femmes. Elle coordonne ainsi, avec Shirin Ebadi (Prix Nobel de la Paix 2003), le Groupe d’action de la FIDH pour les droits des femmes. Elle est l’auteur de l’ouvrage « Femmes du Maghreb, l’enjeu [1]. »
« L’inégalité entre les genres constitue l’une des principales causes des inégalités de développement. Les femmes sont aujourd’hui de plus en plus fragilisées : femmes réfugiées, déplacées, femmes seules avec des enfants ».
C’est pourquoi, « il est urgent de poursuivre le combat de pied ferme dans un environnement où les risques de régression sont évidents ». A cette fin, en 2006, Souhayr Belhassen s’est engagée au sein de la FIDH, en partenariat avec l’Association Démocratique des Femmes Marocaines (ADFM), dans une campagne, menée par des organisations nationales des droits de l’Homme et des droits des femmes de la région arabe, pour « l’égalité sans réserve ». Cette campagne appelle les Etats de la région à lever toutes leurs réserves à la Convention sur l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, lesquelles vont jusqu’à vider leurs engagements internationaux de toute portée (CEDAW/ Afrique du nord et Moyen-Orient : Appel de Rabat : "L’égalité sans réserves").
« Il est pour nous très important aujourd’hui que les Etats reviennent sur leurs réserves. Ce faisant, les Etats de la région lèveraient des obstacles à la mise en œuvre effective de cet instrument de référence et témoigneraient d’une vraie volonté politique de reconnaître le droit fondamental à l’égalité. »
BERNADETTE SAYO NZALE - REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
Bernadette Sayo Nzale a créé en 2004 l’Organisation pour la compassion et le développement des familles en détresse (OCODEFAD), en République centrafricaine. L’OCODEFAD regroupe aujourd’hui plus de 2000 femmes, hommes et enfants, victimes de crimes, particulièrement de violences sexuelles, commis depuis 2002 en République centrafricaine à l’occasion de conflits opposant des forces rebelles aux forces armées centrafricaines.
Bernadette a eu le courage d’affronter l’indifférence et de briser la stigmatisation qui frappent les victimes de viols dans ce pays. Elle se bat pour obtenir des micros crédits permettant aux membres de l’OCODEFAD d’exercer des activités génératrices de revenus propres à accompagner leur reconstruction économique et sociale. L’OCODEFAD apporte par ailleurs un soutien matériel et moral aux victimes, créant des liens de solidarité vitaux entre elles, assurant la scolarisation des enfants, y compris des enfants nés des viols. L’action de l’OCODEFAD s’étend sur l’ensemble du pays grâce la création d’antennes régionales, y compris dans des régions actuellement dévastées par un nouveau conflit armé.
L’Organisation s’est également donnée pour objectif de lutter contre l’impunité des crimes les plus graves en demandant que justice soit rendue aux victimes devant les tribunaux centrafricains et devant la Cour pénale internationale (CPI). Pour Bernadette, la justice est un moyen de prévention de nouveaux crimes et un support pour la réhabilitation morale des victimes.
L’action de l’OCODEFAD contre le silence et l’impunité reste fragilisée par des attaques répétées à son encontre. Bernadette, comme certains responsables d’antennes régionales de son association, a été l’objet de menaces et d’agressions. Pour des raisons de sécurité, Bernadette et ses enfants, soutenus par la FIDH, ont récemment dû quitter leur pays. La FIDH continue de les accompagner et d’accompagner l’OCODEFAD dans ses actions notamment pour obtenir justice devant la CPI. (Rapport de la FIDH : « Oubliées, stigmatisées : la double peine des victimes de crimes internationaux »)
VILMA NUNEZ DE ESCORCIA - NICARAGUA
Présidente du Centre nicaraguayen des droits de l’Homme (CENIDH) et Vice-présidente de la FIDH, Vilma Nuñez a été la première Magistrate à la Cour d’Appel du Nicaragua. Prisonnière politique sous la dictature de Somosa, en 1979 elle est nommée Vice-présidente de la Cour suprême de Justice, puis, en 1987, Commissaire nationale pour les droits de l’Homme et les affaires Humanitaires. Elle a présidé plusieurs délégations nicaraguayennes auprès de Commissions des Nations unies. Elle a également été juge du Tribunal permanent des peuples.
Vilma est engagée dans la lutte pour les droits des femmes au Nicaragua et l’élimination de toutes les formes de discrimination à leur égard. Aujourd’hui, Vilma mène une lutte particulière contre les violations des droits sexuels et reproductifs des femmes nicaraguayennes.
Le 26 octobre, l’Assemblée nationale du Nicaragua a voté une proposition de loi sur l’avortement thérapeutique. Cette loi est un retour en arrière par rapport aux acquis récents en matière d’avortement. En effet, elle interdit tout type d’avortement, y compris pour les femmes victimes de viols et impose des sanctions à toutes celles qui les pratiquent (Nicaragua : Alternative Report to the CEDAW Committee on Sexual and Reproductive Rights ).
« Ceux qui au gouvernement, dans les partis politiques, dans les églises ont participé à l’abrogation de la loi sur l’avortement thérapeutique au Nicaragua condamnant ainsi des centaines de femmes à une mort certaine, ces mêmes personnes n’auront-elles pas honte, le jour du 8 mars de dire à ces femmes, en leur offrant une fleur, qu’elle reconnaissent leurs droits humains et les soutiennent dans leurs combats ? »
Kek Galabru, fondatrice et présidente de la Ligue cambodgienne pour la promotion et la défense des droits de l’Homme (LICADHO), est docteur en médecine et professeur à la faculté de la ville de Phnom Penh. Kek est également fondatrice et présidente du Comité cambodgien pour les femmes (CAMBOW). Depuis 2004, elle est également consultante à l’UNIFEM au Cambodge pour le programme Asie du Sud Est (SEAP) de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes (CEDAW).
« Aujourd’hui au Cambodge, nombreuses sont les femmes victimes d’abus et exploitées qui endurent des souffrances au quotidien. Malheureusement, ces victimes manquent de soutien et d’assistance alors que leurs agresseurs restent impunis. »
Selon laLICADHO , parmi les violations des droits de l’Homme au Cambodge, les violences contre les femmes - notamment les violences domestiques, les viols et la traite liée à l’exploitation sexuelle - sont les plus répandues. Malgré une volonté plutôt timide du gouvernement de mettre en place des lois visant à protéger les droits des femmes, leur portée reste encore limitée, notamment en raison de la persistance des stéréotypes et de préjugés, d’où l’importance pour la LICADHO de mettre en place des programmes éducatifs. Il est en effet difficile de faire reconnaître les cas de violence domestique ou de viol, d’autant que dans l’esprit de nombreuses personnes, les victimes sont souvent les fautives. De plus, la corruption et le caractère lucratif de l’industrie du sexe rendent difficile la mise en application des quelques lois qui pénalisent ces trafics.
« Il est grand temps pour le gouvernement cambodgien, ainsi que pour la police et les tribunaux de mener une véritable action afin de protéger ces femmes et poursuivre leurs agresseurs. »