La FIDH soutient le film ’Joe Hill’ de Bo Widerberg

13/11/2015
Evénement

"Rebel with a cause"

France : Sortie nationale le 18 novembre 2015.

Notre époque nie par individualisme exacerbé tout ce qui a trait à un souci collectif ; l’idée de peuple, pauvre en particulier, irrite sa résignation tranquille. Ainsi agit le film de Bo Widerberg Joe Hill (1971) : il est une complainte et la chanson de geste moderne et romantique d’un immigrant suédois débarquant dans le New York du début du XXème siècle, puis vagabond clandestin dans les Etats Unis, vivant de peu, de Salinas à San Diego.

La pauvreté qu’il partage avec d’autres compagnons de route, l’amène à écrire des chansons qu’il interprète avec les membres du syndicat des Industrial Workers of the World (IWW) dans les villes, où arrestations et répression des militants amènent une radicalisation de la lutte. Accusé dans l’Utah d’avoir cambriolé et tué un épicier et son fils parce que la nuit du crime il fut blessé par balles dans la même ville, Joe tentera de prendre sa défense dans le procès qui le condamne à mort, estimant que ses avocats et les témoins cités ne sont là que pour l’enfoncer dans son rôle pipé de coupable idéal sans preuve formelle établie.

Mais le film ne peut se confondre avec l’histoire de l’IWW. La destinée de Joe Hill, chansonnier et camarade, vient la télescoper et nous interroger sur plusieurs points : un procès inéquitable, la difficulté des ouvriers à défendre sans moyens leurs revendications, la mondialisation d’un capitalisme sacrificiel et sans égards pour les démunis, la peine de mort appliquée à un innocent qui ira jusqu’à défier ses bourreaux quand ils le mettent en joue. La force du refus et la dignité sont personnifiées par Joe Hill, homme debout et emblématique avant Sacco et Vanzetti plus tard dans le siècle. On pourrait à son propos retourner à l’envers le titre anglais d’un film joué par James Dean et écrire de lui : c’est un rebel with a cause, et qu’à celle-ci, il fut indéfectible.

Il faut aussi voir dans ce film la liberté aérienne et leste du cinéaste croquant ses personnages secondaires, dans une palette allant de la Nouvelle Vague à John Cassavettes, contemporaine aussi de Ken Loach qui tourne ses premières bobines : ainsi vous n’oublierez pas le Renard, petit chapardeur de Chinatown ou bien le geôlier fraternel qui observe Joe Hill peindre la carte des Etats Unis sur le sol de sa cellule pendant que se fane son recours en grâce. Un film énergique et brûlant mais qui ne se limite pas à être un brûlot.

Voir la bande-annonce du film ici
Voir un extrait avec la chanson "Pie in the sky"
Voir le site du distributeur Malavida

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