Arabie Saoudite : Un an après, la répression contre les défenseurs des droits des femmes continue

Paris-Genève, le 15 mai 2019 - Un an s’est écoulé depuis le début de la répression contre les défenseur.e.s des droits des femmes en Arabie saoudite. Des dizaines de femmes et d’hommes ont été arbitrairement arrêté.e.s, détenu.e.s et font toujours l’objet de harcèlement judiciaire pour avoir défendu les droits des femmes, notamment le droit de conduire, de créer des associations de défense des droits humains ou d’être libérées du système de tutelle masculine. L’Observatoire (FIDH-OMCT) appelle à la libération immédiate et inconditionnelle de tou.te.s les défenseur.e.s des droits humains, ainsi qu’à la fin de tout acte de harcèlement contre les défenseur.e.s des droits des femmes en Arabie Saoudite.

La répression a commencé le 15 mai 2018 avec l’enlèvement de Loujain Al-Hathloul par les autorités saoudiennes. Eminente défenseure du droit des femmes à conduire, Al-Hathloul a été enlevée aux Émirats arabes unis, emmenée en Arabie saoudite contre son gré et détenue arbitrairement. Dans les jours et les semaines qui ont suivi, d’autres défenseur.e.s des droits des femmes ont été arrêté.e.s et détenu.e.s dans tout le pays, notamment Aziza al-Youssef, Eman al-Nafjan, Aisha al-Manae, Hessa al-Sheikh, Madeha al-Ajroush, Walaa al-Shubbar, Nouf Abdoulaziz, Mayya al-Zahrani, Hatoon al-Fassi, Samar Badawi, Nassima al-Sadah, Amal al-Harbi, Shadan al-Onezi, Abeer Namankani , ainsi que de nombreuses autres. Aziza Al-Youssef et Eman Al-Nafjan ont été libérées provisoirement le 27 mars, et Hatoon Al-Fassi, Amal Al-Harbi, Maysaa Al-Manea et Abeer Namankani le 2 mai, mais la plupart d’entre elles sont toujours victimes de harcèlement judiciaire et un procès a débuté le 13 mars 2019 pour dix femmes défenseures des droits humains détenues.

" La libération provisoire d’Aziza Al-Youssef, Eman Al-Nafjan, Hatoon Al-Fassi, Amal Al-Harbi, Maysaa Al-Manea et Abeer Namankani ne doit pas nous faire oublier l’absurdité des charges retenues contre ces femmes ", a déclaré Alexandra Poméon O’Neill, Directrice de l’Observatoire à la FIDH. " Certaines d’entre elles ont été détenues arbitrairement pendant un an et ont été soumises à des actes de torture et de harcèlement sexuel en détention. Leur seul crime ? Exiger le respect des droits humains et des libertés fondamentales pour les femmes dans le pays ".

La plupart des femmes a été détenue sur la base de vagues accusations relatives à la sécurité, et le ministère public les a accusées d’être en contact avec des organisations internationales de défense des droits humains et de coopérer avec des journalistes étrangers, des institutions médiatiques et des entités "hostiles au roi". Les accusations et les peines encourues ne sont toujours pas claires.

L’Observatoire condamne fermement la poursuite du harcèlement judiciaire et de la détention arbitraire des défenseures des droits humains susmentionnées, qui ne semble viser qu’à les punir pour leurs activités légitimes en faveur des droits humains. En particulier, l’Observatoire rappelle que le droit de communiquer avec les organisations non gouvernementales et intergouvernementales est garanti par l’article 5 de la Déclaration des Nations unies sur les défenseurs des droits de l’Homme.

" A l’heure où le régime saoudien cultive une image réformiste, la vigilance internationale autour du bilan du Royaume en matière de droits humains est plus que jamais nécessaire ", a ajouté Delphine Reculeau, Directrice de l’Observatoire à l’OMCT.

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme (l’Observatoire) est un partenariat créé en 1997 par la FIDH et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et vise à intervenir pour prévenir ou remédier aux situations concrètes de répression contre les défenseurs des droits de l’Homme. La FIDH et l’OMCT sont toutes deux membres de ProtectDefenders.eu, le mécanisme de l’Union européenne pour les défenseurs des droits de l’Homme mis en œuvre par la société civile internationale.

Pour plus d’informations, contacter :
FIDH : Samuel Hanryon (français, anglais) : + 33 6 72 28 42 94
OMCT : Delphine Reculeau (français, anglais) : + 41 22 809 49 39

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