Belarus : injustice et cruauté du pouvoir judiciaire dans l’affaire Viasna

Viasna

Dans un rapport publié aujourd’hui, la FIDH et l’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT), via leur programme commun, l’Observatoire pour la Protection des Défenseurs de Droits Humains, exposent l’absurdité et la cruauté de la justice bélarusse. Le rapport fait suite à deux missions d’observation judiciaire menées dans le plus grand secret au début de l’année 2023.

Paris, Genève, 12 juillet 2023. Le 14 juillet marquera les deux ans de détention d’Alès Bialatski, prix Nobel de la paix 2022 et de ses camarades de Viasna, Valiantsin Stefanovic, vice-président de la FIDH et Uladzimir Labkovich, avocat. Les trois défenseurs des droits humains ont été accusés des délits de « contrebande » et de « financement d’actions de groupe ayant gravement porté atteinte à l’ordre public ». Des accusations grotesques.

Ce rapport s’appuie sur deux missions d’observation judiciaire menées secrètement pour témoigner du procès contre les défenseurs des droits humains. Le rapport documente l’ensemble des violations des droits fondamentaux commises pendant le procès d’Alès Bialatski et de ses compagnons, au tribunal du district Lieninski de Minsk, entre le 5 janvier et le 3 mars 2023. Alès Bialiatski, Valiantsin Stefanovic et Uladzimir Labkovich ont été condamnés respectivement à dix, neuf et sept ans de prison. Zmitser Salauyou, un autre membre de Viasna jugé par contumace dans la même affaire, a été condamné à huit ans de prison.

Une parodie de justice

« Les observateur·ices internationaux·les et bélarusses présent·es dans la salle d’audience ont été les premier·es témoins de la parodie de justice qui s’est déroulée lors de ce procès, » a déclaré Ilya Nuzov, responsable du programme Europe de l’Est et Asie centrale de la FIDH. « La vue des accusés menottés et enfermés dans une cage métallique, le refus de tenir les débats en bélarusse, les accusation fantaisistes et la subornation de témoins ne sont que quelques exemples des bassesses auxquelles le régime autoritaire bélarusse se livre.  »

« Les graves violations des droits fondamentaux constatées lors du procès de nos collègues sont l’aboutissement d’un processus de criminalisation de longue date perpétré par les autorités bélarusses à l’encontre des défenseur·es des droits humains, » a dénoncé Dziyana Pinchuk, journaliste et défenseure des droits humains de Viasna. « De la dissolution de notre organisation aux lourdes peines imposées à nos collègues, le harcèlement judiciaire incessant auquel nous avons été confronté·es a contraint les militant·es de Viasna qui restent libres à poursuivre leur travail en exil. »

« Les poursuites et la condamnation de nos quatre collègues de Viasna sont l’illustration d’un mouvement plus large de criminalisation et de réduction au silence de toutes les organisations et défenseur·es des droits humains au Bélarus, » a déclaré Eugenia Andreyuk, coordinatrice du programme régional de l’OMCT pour l’Europe et l’Asie centrale. « Nous appelons la communauté internationale à utiliser tous les moyens disponibles pour faire pression sur les autorités bélarusses afin qu’elles respectent l’État de droit et libèrent tou·tes les défenseur·es des droits humains dans le pays. »

Le rapport complet est disponible en anglais sur les sites de la FIDH et de l’OMCT.

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains (l’Observatoire) a été créé en 1997 par la FIDH et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT). Il a pour objectif de prévenir ou de remédier aux situations de répression à l’encontre des défenseur·es des droits humains. La FIDH et l'OMCT sont toutes deux membres de ProtectDefenders.eu, le mécanisme de l’Union européenne en faveur des défenseur·es des droits humains mis en œuvre par la société civile internationale.

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