Élections Guatemala : le futur président devra stopper la régression judiciaire en cours

14/06/2019
Communiqué
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Paris, Guatemala City, le 12 juin 2019 – A quelques jours des élections présidentielles, la FIDH publie une note détaillant les défis auquel est confronté le Guatemala pour lutter efficacement contre la corruption et l’impunité. Formulant des recommandations, la note appelle le ou la future Président à protéger et maintenir les avancées obtenues depuis 2007 pour favoriser la justice dans le pays, et à mettre un terme aux réformes législatives en cours, qui portent délibérément atteinte aux droits humains.

Lire la note en français, en anglais et en espagnol.

Les enquêtes dont font l’objet la famille du président Jimmy Morales et son parti pour financement illégal de campagne électorale, parmi d’autres enquêtes incriminant des employés du secteur public ou des dirigeants d’entreprise, ont conduit à une alliance de fait entre l’Exécutif et les secteurs les plus conservateurs du Guatemala, à laquelle se sont agrégés tous ceux qui avaient eu à perdre avec les progrès réalisés par le système judiciaire.

Cette alliance, qui comprend notamment des militaires impliqués dans de graves crimes perpétrés durant le conflit armé, des chefs d’entreprise et des personnalités politiques et religieuses liés à des affaires de corruption, a donné naissance à ce que l’on appelle le « Pacte des corrompus » (Pacto de corruptos), dont le but est de faire reculer les progrès obtenus depuis 2007 en matière de justice, et d’éviter ainsi la consolidation d’un véritable État de droit.

« En seulement quelques années, le Guatemala est passé d’un paradis pour criminels à une référence régionale en matière de lutte contre l’impunité. Les poursuites engagées contre Rios Montt pour génocide et contre Otto Pérez Molina et Roxana Baldetti pour corruption en sont la preuve. Le futur président ne devra pas laisser l’articulation récente des secteurs les plus conservateurs du pays, qui vise à mettre en péril des années de travail pour consolider les institutions et l’État de droit dans ce pays. »

Jimena Reyes, responsable du Bureau Amériques de la FIDH

Ces progrès sont en grande partie dus au travail de la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (Comisión Internacional Contra la Impunidad en Guatemala, CICIG). Après plus de 11 années de travail acharné dans le pays (depuis août 2007), la Commission est devenue un référent régional. Elle illustre notamment le rôle essentiel que peut jouer la communauté internationale pour renforcer les efforts déployés à l’échelle locale pour renforcer l’État de droit.

Ce « Pacte des corrompus » vise à promouvoir trois mesures régressives :

1.- Par le biais de la proposition de loi n°5257, réduire au silence, affaiblir et contrôler la société civile indépendante, alliée essentielle du renforcement du système judiciaire, et l’une des voix les plus critiques face aux actions menées par le Pacte.

2.- Par le biais de la proposition de loi n°5377, favoriser l’impunité des criminels en étendant les mesures d’amnistie à tous les délits commis dans le cadre du conflit, y compris les crimes de génocide et de crimes contre l’humanité.

3.- Par le biais de la proposition de loi n°5272, durcir la criminalisation des femmes en cas d’avortement et freiner l’éducation sexuelle en imposant des valeurs morales et religieuses archaïques.

Dans ce contexte, nous demandons au vainqueur des futures élections présidentielles d’empêcher ces projets néfastes de réformes législatives, et à lutter contre les financements illégaux de campagnes électorales.

Lire la note complète ci-dessous :

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