Crimes contre l’humanité en Colombie et au Mexique : une campagne conjointe pour lutter contre l’impunité

28/05/2020
Communiqué
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Paris, Bogota, Mexico – La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), le Colectivo de Abogados José Alvear Restrepo (CAJAR) et IDHEAS, Litigio Estratégico en Derechos Humanos ont décidé d’unir leurs forces pour promouvoir la lutte contre l’impunité dans les cas d’exécutions extrajudiciaires et de disparitions forcées en Colombie et au Mexique.

Dans ce cadre, les associations réaliseront un travail de documentation ainsi que des actions de mobilisation pour rendre public l’existence de crimes contre l’humanité dans ces deux pays. Des échanges d’expériences entre avocats concernant les stratégies à mettre en œuvre pour régler les litiges associés à ces crimes au niveau local seront également organisés. Enfin, des espaces d’échanges d’expériences entre les collectifs de victimes en Colombie et au Mexique seront mis en œuvre. L’objectif de la campagne #JuntasContraLaImpunidad (#UnisContreL’Impunité) est de promouvoir la mise en place de politiques publiques en matière de justice permettant de sortir des schémas d’impunité, de mettre les victimes au centre des préoccupations et de progresser dans les recherches de personnes considérées comme disparues dans les deux pays.

Après avoir analysé pendant un an le fonctionnement des nouveaux mécanismes de justice et d’attention aux victimes récemment mis en place dans les deux pays, les associations ont lancé la première étape publique de leur collaboration à travers le webinaire « ¿Y la impunidad ? Situación de México y Colombia » (« Qu’en est-il de l’impunité ? Situation au Mexique et en Colombie ») pendant lequel des organisations, des victimes ainsi qu’une déléguée du Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) ont présenté les principaux obstacles rencontrés à l’heure d’enquêter sur les cas d’exécutions extrajudiciaires et de disparitions forcées en Colombie et au Mexique.

Ce webinaire a mis en lumière des chiffres montrant la violence et l’impunité structurelle régnant au Mexique, ainsi que le manque de volonté et de capacité de la justice du pays pour enquêter sur les crimes contre l’humanité et les punir. Les organisations à l’origine de cette initiative ont demandé à l’état mexicain de référer la situation du pays au Bureau du Procureur de la CPI et de reconnaître que des crimes contre l’humanité avaient été commis dans le pays. Elles ont également expliqué qu’un examen préliminaire de la situation obligerait le Mexique à procéder à un changement nécessaire dans la manière de mener les enquêtes en incluant une analyse du contexte, en tirant au clair certains faits et en punissant les plus hauts responsables des crimes contre l’humanité commis dans le pays.

Pour ce qui est de la Colombie, bien qu’il y ait eu des progrès en matière d’accès à la vérité et de participation des victimes dans le cadre de la Juridiction spéciale pour la paix (JEP), il est encore trop tôt pour affirmer que l’impunité n’est plus de mise. Le processus de justice transitionnelle reste d’ailleurs fragile face aux tentatives continues de modifier son cadre légal et face au manque de collaboration de certaines branches de la justice ordinaire, comme le bureau du procureur général ou la justice pénale militaire. Ainsi, la CPI devrait continuer à surveiller la situation dans le pays, en particulier pour que les plus hauts responsables des crimes contre l’humanité soient identifiés et punis.

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