Brésil : la pandémie a un impact considérable sur les communautés touchées par la pollution industrielle et négligées par l’État

29/04/2020
Communiqué
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Piquiá de Baixo, Açailandia, Paris, 27 avril 2020 - Après avoir enduré depuis des décennies les conséquences de la pollution des usines sidérurgiques et de l’industrie minière, qui ont causé des dommages irréversibles à la santé des habitants et à l’environnement, les communautés Amazoniennes comme celles de Piquiá de Baixo sont en situation d’extrême vulnérabilité face à la pandémie de Covid-19. La négligence historique de l’État à l’égard des personnes vivant dans ces communautés les rend non seulement plus sujettes à la contagion, mais aussi plus à risque de développer des formes grave de la maladie, en raison des conséquence de l’exposition à la pollution sur leur santé.

Le Brésil est devenu le plus grand foyer de contamination du Covid-19 en Amérique latine, aggravé par la négligence dont a fait preuve le gouvernement de Jair Bolsonaro dans sa gestion de la crise. Les autorités ont minimisé les dangers du COVID de manière irresponsable, semant la discorde et renforçant l’instabilité. Cette attitude menace sérieusement la vie des communautés les plus vulnérables comme celle de Piquiá de Baixo, touchée depuis des décennies par la pollution industrielle.

Malgré la crise sanitaire, des entreprises telles que Viena Siderúrgica et Aço Verde Brasil, qui font partie de la chaîne de distribution de Vale S.A., continuent de fonctionner comme en temps normal, mettant en danger la vie de centaines de personnes vulnérables. Les habitants du Piquiá de Baixo souffrent d’importantes maladies respiratoires chroniques qui rendent les habitant, jeunes comme plus âgés, extrêmement vulnérables à la pandémie. Bien qu’elles soient conscientes des risques graves qu’elles ont elles-mêmes causés, les entreprises n’ont jusqu’à présent pas pris les mesures de prévention et d’assistance nécessaire pour protéger leurs travailleurs et les habitants de Piquiá, dans la mesure où elles continuent à opérer. Pour sa part, Gusa Nordeste a licencié plusieurs centaines de travailleurs, les laissant face à un avenir incertain et souvent de graves problèmes de santé, alors que la réinstallation de la communauté, qui devait éloigner les habitants des usines, reste inachevée.

Le gouvernement fédéral, pour sa part, ne fait rien pour garantir à la population des services de santé adéquats, comme il le fait depuis des décennies, et contrevient même aux recommandations de l’OMS. Il est aujourd’hui urgent de garantir l’accès aux soins, à des prestations de santé accessibles et au matériel de prévention à Piquiá. Dans le cas contraire, la propagation du COVID-19 parmi les travailleurs et les membres de la communauté serait presque une condamnation à mort.

"Le droit à la vie et à la santé ne peuvent être bradés au nom de la soif de profits et des intérêts économiques des entreprises. L’environnement a déjà été sacrifié pendant des décennies, ce qui a eu un impact irréversible sur notre santé. Les entreprises ne peuvent pas se laver les mains de leur responsabilité dans la situation actuelle. D’autant plus si elles envisagent de fermer des activités, qui va assurer la réparation des personnes affectées et réhabiliter l’environnement ?"

Maria Isabel Cubides - Chargée de Programme Mondialisation et Droits Humains - FIDH

Cette situation critique a été aggravée ces dernières semaines par la violente inondation à Piquiá de Baixo, suite à l’effondrement de plusieurs décharges de pisciculture, qui a provoqué la destruction des biens et le déplacement de 253 personnes et a endommagé au moins 25 maisons. Actuellement, 17 familles restent sans abri.

“La communauté de Piquiá de Baixo ne peut être condamnée à vivre dans un état de catastrophe permanent. Les solutions que la communauté a elle-même élaborées, et a présentées avec courage et insistance aux autorités publiques et aux entreprises ont été déconsidérées. Nous exigeons des mesures ambitieuses pour garantir le droit à la santé.”

Danilo Chammas, Justiça nos Trilhos

Piquiá est un cas emblématique de la nécessité de trouver un équilibre entre la protection du droit à la santé et du droit au travail. Les décisions prises par la plupart des entreprises ont privilégié le profit au détriment de l’environnement et de la santé humaine. Si les mesures nécessaires avaient été prises, à n’y aurait pas à faire des choix entre travail et santé, ou entre préservation de l’environnement et bénéfice économique.

Nous appelons les autorités à garantir l’accès aux soins et au matériel de santé, l’hébergement immédiat des familles touchées par les inondations, et à assurer la poursuite et l’accélération de leur relocalisation.

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