Bruxelles, 16 octobre 2025. Une coalition d’ONG, dont le European Civic Forum et la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) ont condamné la brutalité de la réaction face aux manifestations pacifiques organisées en solidarité avec la Global Sumud Flotilla et le peuple palestinien. La coalition a appelé les dirigeant·es de l’UE à défendre et à protéger les droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association des personnes manifestant leur solidarité avec le peuple palestinien et à répondre aux revendications de la population lors de la réunion du Conseil des affaires étrangères qui se tiendra le 20 octobre.
Dans une déclaration publiée aujourd’hui, les organisations de défense des droits humains condamnent la réaction des dirigeant·es européen·nes à la suite de l’usage de la violence par la police dans plusieurs pays pour disperser une vague de manifestations pacifiques en soutien à la flottille. Ces agissements constituent, pour ces organisations, une violation de la Charte des droits fondamentaux de l’UE.
Elles citent au moins 12 pays où des cas de recours à la force non justifiés et illégaux à l’encontre des manifestant·es ont été signalés ces dernières semaines. Dans l’un d’eux, la police anti-émeute a molesté des manifestant·es pacifiques devant le Parlement européen et dans le quartier de la Bourse lors d’une manifestation qui s’est déroulée le 2 octobre à Bruxelles. Les agent.es ont eu recours à l’usage de violences physiques non justifiées, notamment en frappant les manifestant·es à coups de pied et de matraques, en utilisant gaz lacrymogènes et canons à eau, sans avertissement préalable.
À la suite de l’accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza, la secrétaire générale par intérim du European Civic Forum, Giada Negri, a déclaré : « Au moment où nous saluons le cessez-le-feu tant attendu à Gaza, il est essentiel de reconnaître le rôle déterminant qu’ont joué celles et ceux qui, dans l’Europe et le monde entier, ont refusé de rester silencieux·ses face aux atrocités commises. Sans leurs efforts acharnés, le cessez-le-feu n’aurait pas pu voir le jour. C’est pourquoi il est particulièrement alarmant que tant de dirigeant·es européen·nes qui accueillent aujourd’hui favorablement le cessez-le-feu aient continuellement ignoré, décrédibilisé et réprimé ces porte-paroles. Au lieu de réprimer le droit à manifester, les dirigeant.es européen.nes devraient s’atteler à favoriser un espace civique dynamique, où toutes et tous seraient libres de s’exprimer, de manifester leur solidarité et de réclamer que justice soit faite ».
La responsable de la politique et du plaidoyer au sein du European Civic Forum, Aarti Narsee, a commenté, à propos de la tendance plus générale aux restrictions des droits : « Les restrictions répétées du droit à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association s’inscrivent plus largement dans une dégradation des droits humains en Europe. Si les gouvernements européens s’entêtent à banaliser la répression par la violence de rassemblements pacifiques, cette tendance au repli ne pourra que s’intensifier ».
Les ONG se sont également dites extrêmement préoccupées par l’absence de mesures prises par les gouvernements et institutions de l’UE en vue de protéger les missions humanitaires et civiques de la Global Sumud Flotilla, qui transportaient plus de 500 activistes de 44 pays, dont des États membres de l’UE.
En omettant de condamner l’interception illégale de la flottille, les dirigeant·es de l’UE ont pris le risque « de banaliser encore davantage la criminalisation de l’engagement non violent des citoyen·nes et d’entamer la confiance dans les obligations de l’Europe à protéger sans relâche les défenseur·es des droits humains, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières », ont ajouté les ONG.
Les organisations appellent les ministres des Affaires étrangères de l’UE à prendre des mesures face aux revendications des citoyen·nes européen·nes à mettre fin sans délai et durablement aux crimes perpétrés par Israël, en violation du droit international, contre le peuple palestinien dans la bande de Gaza occupée et en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est, et à garantir la livraison immédiate et sans condition de l’aide humanitaire d’urgence, notamment de denrées alimentaires et sanitaires, à Gaza.