Les organisations soussignées demandent au président égyptien Abdel Fattah Al-Sisi d’annuler les charges portées contre Ahmed Samir Santawy, jeune chercheur égyptien et étudiant en anthropologie à l’Université d’Europe Centrale (CEU) à Vienne, en Autriche. Le 22 juin 2021, un tribunal d’exception l’a condamné à quatre ans de prison pour publication de « fake news ». Sa condamnation est basée uniquement sur des publications sur les réseaux sociaux critiquant les violations des droits humains en Égypte et la mauvaise gestion de la pandémie par l’État. Depuis le 23 juin, Ahmed Samir Santawy est en grève de la faim pour protester contre son injuste condamnation ; et son état de santé n’a fait que se dégrader depuis lors.
Les verdicts rendus par la Cour de sûreté de l’État d’urgence, un tribunal spécial qui fonctionne sous l’état d’urgence, ne peuvent faire l’objet d’un appel et sont uniquement soumis à l’autorisation du président. L’état d’urgence, imposé par le président Sissi depuis avril 2017 et renouvelé tous les trois mois avec l’approbation du parlement, met considérablement en danger l’état de droit en Égypte.
Ahmed Samir Santawy a été arbitrairement arrêté le 1er février 2021 après avoir été soumis à des actes de torture et autres mauvais traitements par des agents de la National Security Agency (NSA), une force de police spécialisée, peu après son retour de Vienne où il étudiait. Les proches d’Ahmed furent sans nouvelle de lui pendant cinq jours. Pendant ce temps, Ahmed fut détenu par la police égyptienne, battu et illégalement interrogé concernant ses travaux universitaires sur les droits sexuels et reproductifs des femmes.
Le 6 février, le parquet suprême pour la sûreté de l’État (SSSP), une branche spéciale du ministère public chargée de poursuivre les crimes liés à la « sécurité de l’État », a ordonné sa détention. Ahmed fut en effet illégitimement accusé d’activité terroriste pat la NSA. Ni ses avocats ni Ahmed lui-même ont pu s’exprimer sur la question.
À la suite d’une campagne mondiale appelant à sa libération, les autorités égyptiennes l’ont renvoyé en jugement pour une autre affaire. Le 22 mai, le SSSP a ouvert une nouvelle enquête pénale à son encontre pour des publications sur les réseaux sociaux. Le 28 mai, en vertu de l’article 80 (d) du Code pénal, le SSSP l’a renvoyé en jugement pour avoir diffusé « de fausses informations visant à saper l’État, ses intérêts nationaux et l’ordre public », et pour avoir « semé la panique au « sein du peuple égyptien ». Un mois plus tard, Ahmed Samir Santawy fut condamné à quatre ans d’emprisonnement sur la base de publications sur les réseaux sociaux critiquant les violations des droits humains dans les prisons égyptiennes et la mauvaise gestion de la pandémie par l’État. Ahmed a immédiatement nié toutes ces accusations.
Lors de l’audience du 22 mai 2021 devant la SSSP, Ahmed Samir Santawy a déclaré aux procureurs qu’il avait été battu la veille par le directeur adjoint de la prison de Liman Tora. Ses avocats ont demandé son transfert au service de médecine légale pour examiner ses blessures. Le 25 mai, le ministère de l’Intérieur a nié ces allégations. Aucune enquête n’a été menée suivant ces accusations. Ses précédentes plaintes auprès des procureurs pour avoir été victime de disparition forcée, de torture et d’autres mauvais traitements à la suite de son arrestation le 1er février 2021 par la NSA ont elles aussi été ignorées.
Les organisations soussignées exhortent le président Al-Sisi à user de son autorité légale pour annuler le verdict injuste contre Ahmed Samir Santawy. Le procureur général doit abandonner toutes les enquêtes sur les accusations infondées liées au terrorisme contre Santawy et le libérer immédiatement et sans condition. Les autorités doivent également mener des enquêtes rapides, indépendantes, impartiales et efficaces sur les allégations de torture et autres mauvais traitements. En attendant sa libération, les autorités doivent lui garantir un accès régulier à sa famille, à ses avocats et à des soins de santé adéquats, et ce tout particulièrement dû à sa détention injustifiée.