3 mars 2023. - Ales Bialiatski et Valiantsin Stefanovic, respectivement ancien et actuel vice-présidents de la FIDH, ainsi qu’Uladzimir Labkovich ont été condamnés aujourd’hui à 10, 9 et 7 ans d’emprisonnement respectivement. Tous trois étaient accusés de contrebande et de financement d’actions portant atteinte à l’ordre public. Des prétextes fallacieux, utilisés pour sanctionner leur travail légitime en faveur des droits humains en tant que dirigeants de Viasna, l’une des principales organisations de défense des droits humains au Belarus, également membre de la FIDH.
"Des hommes innocents sont enfermés parce qu’ils ont refusé de reculer, de compromettre leurs valeurs et leur travail", a déclaré Alice Mogwe, présidente de la FIDH. "La FIDH continuera à dénoncer leur emprisonnement injustifié. Le mouvement mondial des droits humains condamne fermement ces pratiques, qui sont malheureusement de plus en plus courantes chez les régimes autoritaires."
Réagissant au verdict, Ilya Nuzov, chef du bureau Europe de l’Est et Asie centrale à la FIDH, qui connaît bien les accusés, note : "Voir nos collègues et amis recevoir ces peines draconiennes nous attriste et nous met en colère. Mais leur courage est à l’image de la lutte du peuple biélorusse pour la liberté et la démocratie, qui a fait naître un mouvement de solidarité et d’admiration mondiale – ce que le régime biélorusse n’aura jamais."
Oleksandra Matviitchuk, vice-présidente de la FIDH et responsable du Centre pour les libertés civiles, une ONG ukrainienne, membre de la FIDH, a déclaré : "La décision du tribunal est honteuse, les motivations politiques de cette affaire montée de toutes pièces sont claires. Cette attaque contre des militants des droits humains ne doit pas rester impunie. Nous attendons une réaction ferme de la communauté internationale. D’autant plus que le régime de Loukachenko constitue une menace non seulement pour ses propres citoyens, mais aussi pour la sécurité de toute notre région."
Puni pour avoir soutenu les victimes du régime de Loukachenko
A l’ouverture de leur procès le 5 janvier 2023, les accusés avaient déjà enduré plus de 17 mois d’incarcération. Le procès a été truffé d’illégalités au regard du droit biélorusse autant que de violations des droits humains. Les accusés ont été menottés et placés dans une cage à l’intérieur de la salle d’audience, en violation de la présomption d’innocence. Ils se sont vu refuser le droit à un interprète (le procès ayant eu lieu en russe et non en bélarusse) et n’ont pas eu suffisamment de temps pour se familiariser avec les centaines de volumes de documents relatifs à l’affaire. Leur défense n’a pas eu les moyens de répondre à un pouvoir judiciaire, qui n’est devenu guère plus qu’un simple accessoire du pouvoir exécutif.
Pour son rôle d’assistance aux victimes de répressions et de documentation de ces répressions, Viasna est devenue la cible de persécutions de la part des autorités exécutives. La répression au Belarus est devenue omniprésente et particulièrement brutale depuis les élections présidentielles de 2020, balayant le mouvement des droits de humains et toute dissidence dans le pays. Loukachenko étant l’allié de la Russie dans sa guerre en Ukraine, toute opposition à la guerre est également sévèrement réprimée.