Iran : le gouvernement doit respecter les droits humains et gérer les manifestations nationales avec plus de sérénité

10/01/2018
Communiqué
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Paris, le 3 janvier 2018 : le gouvernement iranien doit libérer immédiatement et sans condition tous les individus détenus suite aux récentes protestations nationales et ouvrir des enquêtes impartiales et indépendantes sur tous les décès ayant eu lieu durant les manifestations, ont déclaré aujourd’hui la FIDH et son organisation membre, la League for the Defence of Human Rights in Iran (LDDHI).

« Plutôt que de répondre aux réclamations légitimes de son peuple, le gouvernement iranien a une fois de plus réagi de façon disproportionnée aux manifestations. La communauté internationale devrait exhorter le gouvernement iranien à respecter les normes internationales et à s’acquitter de ses obligations en vertu des traités des droits humains dont l’Iran est signataire pour faire face aux manifestations » a affirmé le président d’honneur de la FIDH et président de la LDDHI, Karim Lahidji.

Depuis le 28 décembre 2017, des milliers d’Iraniens ont investi les rues de Téhéran et de plus de 50 autres villes à travers le pays pour protester contre la gestion économique déplorable du gouvernement, la corruption dont il fait l’objet et la suppression des libertés qu’il a imposée.

Les protestations concernaient tout d’abord l’augmentation des prix de la nourriture et des produits de base, la corruption galopante de l’État, et le taux de chômage très élevé. Cependant, les revendications se sont rapidement orientées vers une plus grande liberté politique, la libération des prisonniers politiques, et l’établissement de la responsabilité de l’État qui exerce une répression de longue date. Les manifestants ont exprimé des critiques concernant les partis politiques au pouvoir, le système judiciaire et autres dispositifs de répression, et ont appelé le Guide suprême, l’ayatollah Khamenei, à quitter ses fonctions. Dans certaines villes, les manifestants ont retiré les photos de l’ayatollah Khamenei et du fondateur de la République islamique, l’ayatollah Ruhollah Khomeini.

Il est à craindre que de nombreuses personnes aient été tuées suite à ces manifestations. Si des sources officielles ont déploré 21 victimes, parmi lesquelles deux agents de sécurité et deux enfants dont un de 11 ans, les chiffres réels sont sûrement bien plus élevés. Des centaines d’individus ont également été blessés. Selon les chiffres officiels recensés par le gouvernement, plus de 1 000 personnes, dont environ 500 à Téhéran, ont été arrêtées. La grande majorité des individus mis en détention suite à ces manifestations sont âgés de moins de 25 ans. Nous craignons que ce nombre soit beaucoup plus élevé.

Étant donné les pratiques du gouvernement iranien et les menaces proférées par certains de ses hauts fonctionnaires, un certain nombre de manifestants risquent la peine de mort. La FIDH et la LDDHI exhortent la communauté internationale, et plus particulièrement les Nations unies et l’Union européenne, à rester vigilante suite à ces menaces.
À de nombreuses reprises, les forces contrôlées par l’État, comme les forces paramilitaires Basij (Mobilisation), qui opèrent sous le contrôle du corps des Gardiens de la révolution islamique, ont utilisé la force de manière excessive contre les manifestants. Les membres de Basij auraient également été impliqués dans la destruction de propriétés et dans des incendies criminels dans plusieurs villes dans le but justifier une répression autoritaire. Les autorités iraniennes ont bloqué l’accès aux réseaux sociaux, notamment aux applications de messagerie Telegram et Instagram, et ont censuré les médias nationaux privés.

La FIDH et la LDDHI incitent le gouvernement iranien à s’assurer que les responsables de l’application des lois et autres agents de l’État agissent dans le respect des normes internationales, telles que les Principes de base des Nations unies sur le recours à la force et l’utilisation des armes à feu par les responsables de l’application des lois1, pour maîtriser les manifestants.

Ces deux organisations appellent également le gouvernement iranien à garantir le droit à la liberté d’opinion et d’expression, le droit à la liberté de réunions et d’associations pacifiques, et le droit à la liberté d’association, conformément au Pacte international relatif aux droits civils et politiques dont l’Iran est signataire. Elles incitent également le gouvernement iranien à autoriser l’accès de son pays au Rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des défenseurs des droits de l’Homme en Iran et autres procédures spéciales des Nations Unies.

Les autorités doivent libérer immédiatement et sans condition tous les autres prisonniers d’opinion.

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