Une élection truquée

24/05/2005
Communiqué
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La Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH) et la Ligue Iranienne de Défense des Droits de l’Homme (LIDDH) expriment leur profonde inquiétude quant au rejet de plus de mille candidats aux prochaines élections présidentielles iraniennes.

En Iran, toute personne est en droit de présenter sa candidature aux élections présidentielles à condition de remplir les conditions stipulées à l’article 115 de la Constitution. Cette disposition précise que les candidats doivent être d’origine et de nationalité iranienne, avoir des compétences administratives et de l’ingénuité, avoir un passé irréprochable, être honnête et vertueux, être croyant et fidèle aux valeurs de la République islamique d’Iran et à la religion officielle du pays. Cette disposition stipule que seuls les hommes sont des candidats potentiels.

Le Conseil des gardiens, une institution conservatrice non-élue, a annoncé le 22 mai qu’il disqualifiait 1014 candidats à la présidence à l’exception de six. Parmi ces six candidats pré-sélectionnés, quatre sont des conservateurs traditionnels. Parmi eux figurent respectivement l’ancien chef de la police, l’ancien président de la radio et de la télévision d’Etat, le Secrétaire du Conseil de discernement du bien de l’ordre islamique d’Iran (un organe d’arbitrage désigné sensé résoudre les conflits entre le Parlement et le Conseil des gardiens) et l’actuel maire de Téhéran. Trois d’entre eux sont anciens membres des Pasdaran, une milice religieuse dépendant directement du guide suprême et qui a participé à la violente répression contre les mouvements étudiants en 1999 et 2003.

Les deux autres candidats sont respectivement l’ex président de la République, M. Rafsandjani, et l’ex président du Parlement, M. Karroubi, tous deux membres du clergé.

La candidature du principal candidat des réformateurs, M. Mostafa Moien a été rejetée. M. Moien a occupé le poste de Ministre de l’éducation sous la présidence de Khatami et a démissioné après la violente répression contre les mouvements étudiants en 1999, afin de manifester son désaccord. Le 22 mai, les réformateurs ont fait part de leur intention de boycotter l’élection, qui doit se tenir le 17 juin 2005.

« Dans de telles circonstances, les élections en Iran ne peuvent ni être libres ni justes », a déclaré Sidiki Baka, Président de la FIDH. « Une fois de plus, le droit de voter et d’être élu lors d’authentiques élections périodiques garantissant l’expression de la libre volonté des électeurs, entériné à l’artcle 25 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, est indéniablement bafoué en Iran », a-t-il ajouté.

« Nous demandons à la communauté internationale, y compris à l’Union européenne et aux Etats-Unis, de dénoncer fermement une telle mascarade », a conclu Karim Lahidji, Président de la LDDHI et Vice-président de la FIDH.

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