Evoquer les droits de l’Homme au MEXIQUE : le devoir de Jacques Chirac

10/11/1998
Report

A l’occasion de la visite au Mexique du Président de la République française M. Jacques CHIRAC, la FIDH demande au Président français de rappeler aux autorités mexicaines leurs engagements et devoirs en matière de respect des droits de l’Homme.

En effet ces dernières années la situation des droits humains au Mexique s’est détériorée de façon alarmante malgré les nombreuses recommandations et dénonciations d’organisations internationales gouvernementales telles que l’ONU et l’OEA.
Les dénonciations sur les détentions illégales, tortures, disparitions forcées, exécutions extrajudiciaires, et sur la violence impunie des groupes paramilitaires en zones rurales, sont de plus en plus nombreuses. Le manque de volonté politique du gouvernement, le refus opposé à diverses missions d’organisations non-gouvernementales de se rendre au Mexique, l’inefficacité et la partialité des institutions judiciaires, associés aux activités des forces armées, et aux actions paramilitaires excessivement violentes, reflètent la fragilité de l’Etat de droit mexicain.

A ce sujet, la FIDH prend pour exemple la résolution de la Sous commission des Droits de l’Homme de l’ONU d’août 1998, qui dénonce cette situation, chaque fois plus préoccupante, en particulier en ce qui concerne les peuples indigènes, au regard des informations et recommandations présentées par le Rapporteur Spécial sur la question de la torture. Elle demande donc aux autorités mexicaines de garantir le plein respect des textes internationaux auquels il est Partie. Elle a retenu comme action prioritaire de l’Etat, la lutte contre l’impunité des auteurs de violations graves de droits humains, tout particulièrement pour celles qui causes de nombreuses victimes entre les membres des populations autochtones. Elle insiste également sur la promotion de l’action des défenseurs des Droits de l’Homme et la garantie de leur sécurité.

D’autre part, le 8 décembre 1997, la Communauté européenne et ses Etats membres signaient avec les Etats-Unis du Mexique un important " accord de partenariat économique, de coordination politique et de coopération " qui prévoit une coopération élargie dans une série de domaines et une libéralisation des échanges de biens et de services. Le texte de l’accord, par ses articles 1er, 39 et 52, place au plan juridique, les droits de l’Homme et les principes démocratiques au coeur des relations futures entre le Mexique et l’Union européenne : l’accord instaure ainsi un véritable droit de regard mutuel sur la question. Des violations graves des droits de l’Homme, commises par l’une des parties, et tant qu’elles seraient contraires à " l ’élément essentiel " de l’accord, pourraient justifier des mesures unilatérales.

En conséquence, de l’avis de la FIDH, cette importante innovation rend légitime et même obligatoire de la part du Président Jacques Chirac, l’exercice d’une vigilance et d’une exigence particulière. La visite au Mexique de M. Jacques Chirac, en tant que chef d’Etat d’un des pays membres de l’Union européenne, est une occasion inestimable pour évoquer avec les autorités mexicaines la très critique situation des droits de l’Homme au Mexique.

En outre, la FIDH tient à féliciter le Président pour sa décision d’annulation de la dette extérieure de l’Honduras et du Nicaragua. En effet suite à l’ouragan qui a ravagé ces pays, nous espérons que cet exemple sera suivi par de nombreux Etats, et que l’action internationale redouble d’effort dans tous les pays d’Amérique centrale victimes de cette catastrophe.

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