"Keeping the peace ? An Assessment of the United Nations Stabilization Mission in Haiti"

18/03/2005
Rapport
en fr

Résumé exécutif :

Il y a plus d un an, les pressions internationales et une rébellion armée obligeaient le président Jean- Bertrand Aristide à quitter le pouvoir, alors que le gouvernement s effondrait. Depuis, Haïti menace de devenir un Etat en voie de déliquescence permanente.

La présence des forces de maintien de la paix de l ONU arrivées trois mois après le départ controversé d Aristide n a pratiquement rien fait pour rétablir la stabilité, protéger la population ou diminuer les violations des droits de l homme. Ce rapport critique le travail de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation à Haïti (« MINUSTAH »), documentant non seulement son incapacité à mettre en Suvre l esprit, mais même le mandat fixé par la résolution de l ONU. La Résolution 1542 du Conseil de sécurité de l ONU du 1er juin 2004 qui a établi la MINUSTAH avait fixé trois directions de travail autour d un mandat fort : rétablir un environnement stable et sécurisé, en désarmant notamment les milices, soutenir le processus politique et la bonne gouvernance en vue de préparer les prochaines élections, et surveiller la situation des droits de l homme. Le rapport montre que la MINUSTAH n a fait aucun, sinon que de très faibles progrès sur ces trois fronts. Cet échec est en partie la conséquence du déploiement très tardif des forces et du personnel de la MINUSTAH, et en partie la conséquence d une interprétation trop prudente du mandat par les responsables de cette mission de l ONU. Même si aujourd hui, les effectifs de l ONU sont rassemblés, les forces de maintien de la paix continuent d avoir une interprétation trop restrictive qui est totalement inadaptée aux besoins de Haïti. Plus de huit mois après que les forces de la MINUSTAH se soient déployées, Haïti demeure aussi dangereux qu avant. La MINUSTAH n a même pas commencé à entamer un programme général de désarmement, laissant de larges poches du pays aux mains de groupes armés, hors de tout contrôle. Dans les bidonvilles de Port-au-Prince, la population paie le prix de la guerre urbaine de basse intensité mené par des bandes armés. Dans les campagnes pauvres de Haïti, ce sont des éléments de l ancienne armée qui contrôlent des territoires entiers. Une armée qui a pour palmarès d avoir fomenté nombre de coups d Etat et d avoir violé gravement les droits de l homme. Dans le domaine des droits de l homme, la MINUSTAH a été tout aussi laxiste. De nombreuses allégations de violations des droits humains par la police nationale haïtienne (« HNP ») ne font l objet d aucune enquête. Ces violations couvrent un impressionnant spectre : arrestations, détentions arbitraires, disparitions et exécutions sommaires jusqu au massacre de patients hospitalisés et dont les cadavres sont jetés dans des fosses communes. Comme le rapport l indique, la MINUSTAH a même « couvert » la police, alors que celle-ci menait une campagne de terreur dans les bidonvilles de Portau- Prince. Encore plus perturbant que la complicité de la MINUSTAH avec la HNP, ce sont les allégations d abus des droits de l homme commis par des éléments de la MINUSTAH elle-même. C est aussi ce que documente le rapport. La MINUSTAH a choisi de ne pas enquêter sur ces allégations, préférant mettre un voile pudique sur celles-ci, et garantissant du même coup que ces abus échappent à toute sanction. En résumé, au lieu de suivre les directives spécifique du mandat pour mettre un terme à l impunité à Haïti, l échec de la MINUSTAH a, au contraire, créé les conditions pour qu elle se perpétue. Le mandat de la MINUSTAH possède tous les éléments nécessaires pour que les forces de l ONU puissent sécuriser la situation, désarmer les milices et protéger les droits de l homme. En fait, son mandat même lui ordonne de rétablir la paix à Haïti. Bien que la MINUSTAH ait perdu ces huit derniers mois, il n est pas trop tard pour qu elle commence à mettre réellement en Suvre son mandat. Nous persistons à croire que la MINUSTAH a le potentiel pour apporter la paix, la stabilité et le respect des droits de l homme à Haïti. Avec les élections en vue à la fin de 2005, le temps est venu pour la MINUSTAH de s engager à imposer son mandat de manière rigoureuse.

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