L’État du Guatemala doit garantir le droit à la contestation sociale

Traduction photo : "Dehors les traitres de la démocratie Consuelo Porras, José Curuchucho. Non à la corruption". Crédits photo : Deccio Serrano / NurPhoto / NurPhoto via AFP

La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) rejette la décision de la Cour constitutionnelle du Guatemala ordonnant la dispersion immédiate de manifestant·es pacifiques. Elle appelle le Président Giammattei à satisfaire les revendications de la population, à garantir l’indépendance des institutions de l’État et à assurer la transition démocratique conformément à la décision du Tribunal suprême électoral.

Paris, 19 octobre 2023. La décision de la Cour constitutionnelle du Guatemala du 18 octobre 2023 constitue une violation des normes internationales, reconnues et approuvées par l’État du Guatemala. Ces normes reconnaissent en effet le droit à la contestation sociale comme un droit humain, une expression légitime du droit à la liberté d’expression et de réunion. Par ailleurs, cette décision, qui ordonne l’intervention des forces armées en soutien à la police nationale pour disperser les manifestant·es regroupé·es devant le bâtiment du Ministère public, met en danger l’intégrité et la sécurité de milliers d’individus.

Pour Jimena Reyes, directrice du bureau des Amériques de la FIDH, « le peuple guatémaltèque réclame le respect des règles de la démocratie et exige la fin des atteintes à la souveraineté dont il est dépositaire. Le gouvernement d’Alejandro Giammattei devra assurer la transition gouvernementale le 14 janvier 2024 et permettre l’entrée en fonction du nouveau Président du Guatemala Bernardo Arévalo ».

Depuis 15 jours, des manifestations de grande ampleur s’organisent dans tout le pays, mobilisant des représentant·es des différents secteurs de la société, pour réclamer le respect de la règle de la majorité électorale qui a permis l’élection de Bernardo Arévalo à la tête du pays, et contester l’intervention illégale et violente des membres du pouvoir judiciaire et du Parquet, portant atteinte à l’intégrité du processus électoral.

Les manifestant·es dénoncent en particulier la responsabilité de la Procureure générale María Consuelo Porras, du chef du Parquet spécial contre l’impunité (Feci) au sein du Ministère public José Rafael Curruchiche, de la Procureure Cinthia Monterroso et du juge Fredy Orellana, et réclament leur démission. La FIDH a dénoncé en juillet les agissements criminels de ces individus qui ont pris la justice du pays en otage et se sont employés à poursuivre des journalistes, des juges et procureur·es, des défenseur·es des droits humains et des opposant·es politiques. Aujourd’hui, ils et elles cherchent à invalider de façon arbitraire le processus électoral qui a été reconnu et approuvé par le Tribunal suprême électoral, la plus haute autorité du pays en matière électorale, et par la communauté internationale.

La FIDH appelle le pouvoir exécutif à garantir le droit à la contestation sociale du peuple guatémaltèque, et à protéger les manifestant·es faisant l’objet d’attaques ou de provocations par des individus ou institutions. Elle dénonce également l’assassinat du manifestant Francisco Gonzalo Velásques le 16 octobre 2023 par des personnes armées qui ont ouvert le feu en arrivant sur le lieu de la manifestation dans le nord du pays.

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