La FIDH, lors de son Bureau International du 14 mars, s’était insurgée contre la nomination de Augusto Pinochet en tant que sénateur à vie au Chili. Cette nomination lui a conféré l’immunité diplomatique, lui permettant ainsi de continuer à échapper à toutes les poursuites engagées contre lui par les citoyens de son pays.
Les victimes ont effectivement rencontré des obstacles incontournables pour que justice soit faite. En effet, les lois d’amnestie ont coupé court à toute recherche de la vérité. La souffrance et le besoin de justice des victimes sont restés intacts depuis 25 ans.
La FIDH soutient ainsi pleinement les procédures judiciaires pénales entamées par les juges espagnols, Baltazar Garzón et Manuel García-Castillón, contre les juntes militaires argentine et chilienne, non seulement pour assassinats, tortures, et disparititons forcées de citoyens européens, mais surtout pour les crimes contre l’humanité commis pendant les régimes autoritaires de ces pays.
La reconnaissance des crimes contre l’humanité et la poursuite de ces responsables par les tribunaux ad hoc sur l’ex-Yougoslavie et le Rwanda, rendent inacceptable que de tels crimes ne soient pas poursuivis par toutes juridictions ayant les moyens de le faire. Tous les Etats ont l’obligation, découlant du droit international, de poursuivre judiciairement les auteurs des crimes contre l’humanité. Cette obligation est exigible a tous les Etats et pour tous les Etats.
En vertu de ces principes, la FIDH appelle le gouvernement espagnol à soutenir la demande d’extradition d’Augusto Pinochet vers l’Espagne, déposée par les juges Garzón et García-Castillón, et demande au gouvernement britannique de la juger recevable et de la mettre en oeuvre.
Les gouvernements espagnol et britannique ont les moyens et l’obligation de poursuivre Augusto Pinochet et ces collaborateurs pour leur crimes qui constituent une offense à la conscience commune de l’humanité. L’impunité des bourreaux ne doit plus être acceptée.