Gestion du conflit au Soudan : un test crucial pour l’Union africaine

09/07/2004
Communiqué
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Alors que se réunissent une nouvelle fois les chefs d’Etat africains à Addis Abeba, Ethiopie, en marge du sommet de l’Union africaine (UA), sur la situation au Darfour, région du Soudan où sévit l’une des plus graves crises humanitaires en cours dans le monde et où sont perpétrés quotidiennement des crimes contre l’humanité, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) appelle la communauté internationale à mettre tout en oeuvre afin de mettre fin au conflit et de protéger la population civile.

Un projet de résolution américaine, soutenu par l’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne et la Roumanie, est en cours de négociations aux Nations Unies, menaçant de sanctionner les dirigeants des milices arabes accusées du massacre des populations noires du Darfour, ainsi que le gouvernement soudanais accusé d’armer les milices. En effet, malgré la signature d’un moratoire entre le gouvernement soudanais et les Nations Unies, levant toutes les restrictions sur l’action humanitaire, et la visite du Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, la semaine dernière, la persistance de l’insécurité dans la région ne permet toujours pas l’acheminement de vivres et de médicaments.

En outre, l’Union africaine, qui a exhorté le Soudan à neutraliser les milices, envisage d’envoyer une force de protection d’environ 300 hommes et de lui confier également un mandat de protection de la population civile. Selon le Ministre tchadien des affaires étrangères, M. Nagoum Yassoum, cette force de protection devrait être envoyée dès que possible. Cependant, l’absence d’accord sur le financement de l’UA semble compromettre l’envoi rapide de la mission. L’envoi d’une telle mission parrainée par l’Union africaine sera la première depuis la création de l’UA en 2002, après avoir succédé à l’Organisation pour l’Unité Africaine (OUA), qui était critiquée pour son inefficacité, et sera un test crucial pour l’avenir de l’UA.

La FIDH rappelle que les combats qui sévissent au Darfour entre les forces gouvernementales et les rebelles de l’Armée de Libération du Soudan (Sudan Liberation Army - SLA) et du Mouvement pour la Justice et l’Egalité (Justice and Equality Movement - JEM) ont causé la mort de plus de 10.000 personnes, près d’un million de personnes déplacées, et 120.000 réfugiés au Tchad depuis février 2003.

La FIDH appelle les deux parties en conflit à :

 mettre fin immédiatement et définitivement aux hostilités ;
 poursuivre les négociations afin de parvenir à un cessez-le-feu effectif et un processus de paix politique ;
 respecter les principes fondamentaux de distinction et de précaution garantis par le droit international humanitaire, et mettre fin aux attaques contre les populations civiles ;

La FIDH exhorte également le Gouvernement du Soudan à :

 respecter strictement les principes fondamentaux garantis par les instruments du droit international humanitaire et des droits de l’Homme auxquels il est lié, notamment son obligation de protéger les populations civiles en toutes circonstances, comme le stipulent l’article 23 de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples, et les articles 2 et 6 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques ;
 engager immédiatement des enquêtes impartiales et approfondies sur les accusations de meurtres, tortures et de mauvais traitements, afin d’identifier leurs auteurs, de les poursuivre en justice et de les juger en conformité avec les principes internationaux des droits de l’Homme ;

La FIDH appelle l’Union africaine à :

 envoyer, dans les plus brefs délais, une mission dont le mandat inclut la protection des populations civiles.

La FIDH appelle le Conseil de Sécurité de l’ONU à :

 adopter, dans les plus brefs délais, une résolution exigeant du gouvernement soudanais de mettre immédiatement fin à son soutien militaire et financier aux milices opérant dans le Darfour, sous peine de sanctions.

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