Solidarité avec les groupes de défense des droits humains palestiniens face aux attaques israéliennes

Bruxelles, Genève, Paris, Tunis, 25 octobre 2021 – La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), L’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT) et l’Institut du Caire pour les études des droits humains (CIHRS) expriment leur soutien indéfectible à Al-Haq, Law in the Service of Man, Addameer Prisoner Support and Human Rights Association, le Bisan Center for Research and Development, Defense for Children International-Palestine (DCI-Palestine), l’Union of Agricultural Work Committees (UAWC) et l’Union of Palestinian Women’s Committees (UPWC) face aux attaques du gouvernement israélien, qui a désigné, par la voix de son ministre de la Défense, les six organisations comme « organisations terroristes ». Cela constitue une réelle menace pour la survie des organisations indépendantes de défense des droits humains œuvrant à lutter contre les atteintes aux droits humains en Palestine.

Ces allégations publiées le vendredi 22 octobre 2021 sont les dernières en date de la campagne de dénigrement et des attaques systématiques actuellement perpétrées par Israël à l’encontre de la communauté palestinienne œuvrant à la défense des droits humains. Ces attaques visent à nier le droit des Palestiniens à la liberté de réunion et d’association en incriminant les organisations de la société civile qui travaillent à des missions et offrent des services sociaux essentiels en matière de droits humains.

« Les déclarations infondées du gouvernement israélien doivent être reconnues pour ce qu’elles sont : un écran de fumée destiné à cacher au public et à la communauté internationale le travail essentiel accompli par ces groupes de défense des droits humains qui dénoncent les atteintes d’Israël aux droits fondamentaux et au droit international »

Alice Mogwe, présidente de la FIDH

Les tentatives permanentes des autorités israéliennes visant à discréditer les organisations de défense des droits humains ont fait l’objet de plusieurs publications ces dernières années, rassemblées notamment dans un rapport récent publié par l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme (partenariat FIDH-OMCT).

“Cette accusation est une première inquiétante, car elle met en péril dès à présent la protection des enfants, les droits des prisonniers et la capacité à rendre compte des violations des normes internationales reconnues par Israël. Mettre sur un pied d’égalité la défense des droits et le terrorisme constitue également un affront à la communauté internationale qui s’efforce de lutter contre la violence terroriste réelle. Cette réalité est d’autant plus tragique car les droits humains devraient servir de cadre fédérateur pour l’avenir d’Israël et de la Palestine"

secrétaire général de l'OMCT Gerald Staberock

Les campagnes de diffamation, les tentatives de couper les vivres des ONG et le harcèlement judiciaire ne représentent qu’une partie des manœuvres mises en place par Israël en vue de faire oublier les véritables enjeux, autrement dit, les violations perpétrées par Israël, et de ponctionner les ressources des organisations. Malgré tout cela, Israël n’est pas assujetti encore aujourd’hui aux mêmes règles que le reste du monde.

“Cette situation met ainsi à l’épreuve la communauté internationale dont la réaction sera déterminante face à la propension d’Israël à recourir ou non à cette manœuvre de manière généralisée à l’encontre de la société civile palestinienne, en vue de maintenir le régime d’apartheid imposé par Israël sur le peuple palestinien tout entier.”

Elizabeth Rghebi, chercheuse du Levant pour le CIHRS

La FIDH, l’OMCT et le CIHRS rappellent que ces agissements extrêmement graves donnent encore plus de poids au gouvernement israélien pour entraver le travail indispensable de ces ONG, puisqu’il permet la fermeture de leurs comptes bancaires et la saisie de leurs biens. Cette situation offre surtout à Israël la possibilité de geler toutes les activités de ces organisations de défense des droits humains, notamment leur travail de suivi, de documentation et de plaidoyer actuellement mené auprès des organismes nationaux et internationaux. Un tel contexte pourrait aussi donner lieu à l’arrestation et à la détention des défenseur·es des droits humains palestinien·nes, comme ce fut le cas notamment de Shatha Odeh Abu Fannouneh, et de Juana Ruiz Sánchez, respectivement directrice et coordinatrice de projets de la Health Work Committees (HWC). Elles sont actuellement en détention arbitraire par les autorités israéliennes depuis juillet 2021 pour avoir exercé leur fonction au sein de HWC.

La FIDH, l’OMCT et le CIHRS appellent la communauté internationale à exprimer publiquement son soutien aux droits humains et à la société civile en Palestine globalement, et à ces six organisations en particulier, en interpellant le gouvernement israélien sur ses agissements odieux et infondés. La communauté internationale doit réaffirmer son engagement auprès des organisations qui ont fait l’objet d’attaques, elle doit également dénoncer publiquement les agissements d’Israël et l’exhorter à revenir sur ses déclarations qui sont fausses et motivées par des considérations politiques. La communauté internationale, notamment l’Union européenne et ses États membres qui constituent les principaux soutiens de la société civile palestinienne, devrait en outre veiller à ce que les banques et les institutions financières qui relèvent de leur compétence soient averties du caractère infondé et non pertinent des accusations terroristes proférées par Israël.

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