Transition juste et minéraux critiques : déclaration orale devant le Conseil des droits de l’homme des Nations unies

24/09/2025
Déclaration
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FIDH

Aux côtés de l’Observatorio Ciudadano, du Centro de Estudios Legales y Sociales (CELS), et de représentant·es du peuple autochtone – les Licanantay –, la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) a fait une déclaration le 24 septembre 2025, lors de la 60e session du Conseil des droits de l’homme des Nations unies. À la suite de la récente publication d’une étude consacrée aux violations systématiques des droits humains et de l’environnement liées à l’exploitation minière dans le « triangle du lithium » à la frontière de l’Argentine, de la Bolivie et du Chili, cette déclaration a mis en lumière les effets de ces projets miniers sur les droits et les conditions de vie des peuples autochtones. Lire la déclaration ci-après.

24 septembre 2025. Conseil des droits de l’homme des Nations unies – 60e session.

Table ronde sur les droits des peuples autochtones dans le contexte d’une transition juste vers des systèmes énergétiques durables, notamment en lien avec les minéraux critiques

Monsieur le Vice-Président,

C’est au nom de la FIDH, du CELS, de l’Observatorio Ciudadano et de représentant·es du peuple autochtone du Salar de Atacama – les Licanantay – que j’interviens.

Les minéraux critiques, tels que le lithium, sont essentiels à la transition énergétique : ils permettent la fabrication de batteries, la mobilité électrique et le stockage nécessaire à la décarbonation. Cependant, leur utilisation ne saurait engendrer des impacts sociaux, culturels et environnementaux irréversibles au nom de l’urgence climatique.

Dans les hauts salars andins, l’extraction de saumure revient à extraire de l’eau en grande quantité — un élément sacré pour les peuples autochtones locaux —, contribuant ainsi à épuiser les nappes phréatiques, endommager les puits, les zones humides et les marais, dégrader les habitats de la faune et de la flore locales et accroître les risques de salinisation et de pollution.

Sur le plan social et culturel, ce type exploitation est une menace pour l’élevage de camélidés, l’agriculture en altitude, les savoirs ancestraux et la cohésion de la communauté. Il a également un effet délétère sur la santé en raison de la poussière générée et des pressions socio-environnementales. Sur le plan économique et en termes de gouvernance, les retombées profitent surtout à l’extérieur du territoire national, dans un contexte de faible transparence et de contrôle insuffisant, qui ne fait que reproduire les inégalités comme dans le cas de l’extraction des métaux.

La transition doit intégrer la justice environnementale et le respect des droits humains, par le biais de contrôles indépendants et participatifs, de consultations préalables libres et éclairées de la population, de mesures de précaution visant à protéger l’eau et la biodiversité, ainsi que de mécanismes de contrôle efficaces et de réparation clairs pour celles et ceux qui ont subi un préjudice au nom de cette transition.

Les États doivent favoriser la gouvernance qui repose sur le leadership des communautés et la mise en place d’une politique d’économie circulaire visant à réduire l’extraction primaire des ressources.

Seuls la transparence, l’obligation de redevabilité, la planification conjointe et le consentement éclairé de la population pourront mener à une transition juste, dans le respect de la vie, du territoire et de l’auto-détermination des peuples autochtones.

Merci.

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