Lettre ouverte à Kofi Annan Secrétaire général des Nations unies

Son Excellence,

Monsieur le Secrétaire général,

Le Bureau international de la FIDH, réuni les 3 et 4 décembre 2004 à Paris, a pris note avec un vif intérêt du chapitre VI, consacré au terrorisme, du Rapport du Panel de personnalités indépendantes sur la réforme de l’ONU.

Il conviendra naturellement d’examiner de manière approfondie les éclaircissements qu’appelle telle formulation ou telle référence. Mais en tant que déclaration de principe ce rapport doit être accueilli comme une réaction salutaire à de graves dérives que la FIDH a caractérisées depuis de longues années : il confirme pour l’essentiel les analyses développées par les défenseurs des droits depuis au moins le 11 septembre 2001 sur l’impossibilité de lutter efficacement contre le terrorisme sans d’une part s’attaquer à ses causes, d’autre part veiller scrupuleusement au respect des droits et libertés au nom desquels cette lutte est entreprise.

Le maintien d’inégalités et de doubles standards est le meilleur argument des agents recruteurs du terrorisme ; les atteintes majeures aux libertés portées au nom de la lutte antiterroriste affaiblissent la cause qu’elles prétendent servir. Que les ONG de défense des droits le répètent inlassablement est une chose ; que l’ONU soit appelée à le souligner publiquement en est une autre, décisive parce que c’est l’ONU qui est le lieu légitime pour définir et assurer le primat et l’universalité des droits fondamentaux comme seule base efficace et défendable de la lutte si nécessaire contre le terrorisme.

Elle est en conséquence investie de la responsabilité majeure de garantir ce primat et cette universalité : se payer de mots serait une erreur irréparable. Mais il est de la plus haute importance que ces mots, qu’attendaient depuis longtemps les défenseurs des droits, soient pour la première fois prononcés à ce niveau. La FIDH attend donc de l’institution la plus légitime de la communauté internationale qu’elle les assume et qu’elle leur donne l’effectivité qu’ils méritent. Nous vous assurons, Monsieur le Secrétaire général, de notre vif intérêt et de notre disponibilité pour soutenir vos efforts à cet effet.

Je vous prie de bien vouloir agréer Monsieur le Secrétaire général des Nations unies, l’expression de ma haute considération.

Sidiki Kaba

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