Défense des droits des femmes et réaction religieuse : bilan et stratégies par des féministes de 11 pays

16/12/2015
Communiqué
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(Paris, Rabat) Dans le cadre d’une réflexion sur les liens entre droits humains et religions, la FIDH a organisé un séminaire à Rabat (Maroc) sur l’impact de l’islamisme sur les droits des femmes dans une zone nommée "Arc de crise". Une trentaine d’expert.e.s provenant de 11 pays dans lesquels des groupes ou partis islamistes ont accédé à la gestion des affaires publiques, ont participé aux discussions. Ils ont identifié des stratégies pour lutter contre les régressions ou les menaces de régressions enregistrées en matière de droits des femmes, qui seront publiées prochainement.

Bien que les violations des droits des femmes ne soient pas l’apanage des partis politiques d’obédience islamiste, la progression de ces derniers ainsi que l’influence de leurs thèses les plus réactionnaires constituent une menace flagrante pour les droits des femmes, non seulement en termes législatifs mais aussi dans leur vie quotidienne. Celles et ceux qui défendent les droits des femmes dans ces contextes sont confrontés à des défis spécifiques. Face à ce constat, la FIDH a dressé en 2015, en collaboration avec des activistes, médecins, universitaires, journalistes, avocats et sociologues issus des 11 pays concernés, un bilan de l’impact exercé par les islamistes sur les droits des femmes. Sur cette base, le séminaire de Rabat a permis de définir des stratégies pour protéger les acquis des femmes et empêcher de nouveaux reculs.

Le projet mené par la FIDH se concentre sur 11 États de la zone dite « arc de crise » en raison de l’existence dans ces pays de défis similaires en matière de droits des femmes. Cette zone comprend le Maroc, la Tunisie, l’Égypte, le Mali, le Nigeria, le Soudan, la Somalie, la Turquie, l’Iran, l’Afghanistan et le Pakistan.

« Les contextes des pays étudiés sont très différents. Mais en croisant les expériences diverses, on constate que la répression des femmes – même si elle n’est pas menée partout avec la même intensité – est une constante commune à tous les mouvements réactionnaires à référent religieux. Face à ce péril, il est cependant possible de construire des stratégies de lutte conjointes, tout en tenant compte des particularités de chaque environnement. »

Sophie Bessis, membre du Groupe d'action pour les droits des femmes de la FIDH

« La FIDH a souhaité apporter son concours à cette entreprise en organisant une réflexion commune visant à identifier des stratégies efficaces d’action et de plaidoyer pour défendre les droits des femmes dans ces contextes menaçants pour leurs acquis. »

Karim Lahidji, président de la FIDH

Les participant-e-s ont mis en place un réseau d’échanges visant à renforcer la protection des droits des femmes dans leurs pays respectifs.

Les discussions ont été menées sur la base d’enquêtes menées dans chacun des 11 pays avec les organisations membres et partenaires de la FIDH. Les conclusions du séminaire seront publiées au début de l’année 2016 pour être ensuite discutées avec les sociétés civiles des pays concernés. Les stratégies identifiées seront appliquées aux niveaux national, régional et international pour renforcer la lutte contre les pouvoirs et les forces réactionnaires islamistes qui s’attaquent aux femmes.

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