Tunis, capitale mondiale des droits de l’Homme : les autorités s’engagent à relever le défi

19/10/2012
Communiqué
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A l’issue d’une mission menée à Tunis afin de rencontrer les autorités transitoires au plus haut niveau, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme confirme sa décision de tenir son prochain Congrès triennal à Tunis, en mars 2013.

« En tenant notre Congrès en Tunisie, nous ferons de ce pays la capitale mondiale des droits humains. Nous plaçons donc la barre très haut, et nos attentes à l’égard des autorités de transition sont considérables », a déclaré Patrick Baudouin, Président d’Honneur de la FIDH qui a participé à la mission.

Aux côtés de ses trois organisations membres en Tunisie [1], la FIDH a demandé aux autorités [2] que la Constitution consacre expressément l’universalité des droits de l’Homme et la primauté du droit international sur le droit interne, sans aucune réserve. La consécration pleine et entière des principes d’égalité et de non-discrimination constitue également pour la FIDH un élément incontournable de la future constitution tunisienne (lire la note de position de la FIDH à ce sujet).

La FIDH a fait état de sa préoccupation concernant la situation des droits humains en Tunisie, évoquant en particulier quelques cas emblématiques concernant lesquels les ONG tunisiennes se sont mobilisées, comme les poursuites judiciaires à l’encontre du Doyen de l’université de la Manouba, la condamnation de deux jeunes de Mahdia ou les récentes poursuites pénales intentées contre une jeune femme violée par des policiers. La FIDH s’est inquiétée de la multiplication des poursuites judiciaires pour des « atteintes à l’ordre public », poursuites qui sanctionnent en réalité les libertés. Elle a par ailleurs exhorté les autorités à mettre un terme à l’impunité des auteurs de violences, en particulier celles qui se multiplient à l’égard des femmes.

La FIDH a appelé les autorités rencontrées à garantir la mise en place rapide d’une instance indépendante de régulation du pouvoir judiciaire pour remplacer le Conseil supérieur de la magistrature hérité de l’ancien régime. « Une justice indépendante est la colonne vertébrale de l’Etat de droit. Mettre fin aux graves dysfonctionnements de la justice doit être une priorité absolue pour ce gouvernement. Les actes de torture et les violences policières, mais aussi les actes de violence perpétrés par des groupes extrémistes doivent être sanctionnés avec fermeté », a déclaré Sidiki Kaba, Président d’Honneur de la FIDH, membre de la mission. « Nous avons également plaidé pour des avancées rapides concernant la justice transitionnelle », a-t-il ajouté.

La FIDH a exprimé ses inquiétudes concernant la liberté des médias. La délégation de la FIDH s’est d’ailleurs rendue au siège de Dar Assabah pour exprimer sa solidarité avec les journalistes en grève de la faim, et a évoqué leur situation avec le Chef du gouvernement, qui a pris l’engagement de résoudre très rapidement ce conflit dans le respect de la liberté de la presse. Elle a également rencontré le Secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) au lendemain de la conférence pour le dialogue national organisé par le Syndicat et des partenaires de la société civile.

Les autorités ont confirmé au plus haut niveau et sans équivoque leur soutien à la tenue du Congrès de la FIDH à Tunis. Elles ont garanti qu’elles mettront tout en œuvre afin de permettre la tenue de cet événement dans les meilleures conditions possibles.

Le Congrès de la FIDH réunira 300 défenseurs des droits de l’Homme du monde entier et de Tunisie. La première organisation de défense des droits de l’Homme du monde arabe et d’Afrique, la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’Homme, a été établie en Tunisie dès 1978. La Tunisie est également le premier pays de la région à avoir renversé la dictature, initiant le « printemps arabe ». La Tunisie est un laboratoire, et nous espérons qu’elle pourra constituer un modèle pour les autres pays de la région. « C’est donc tout naturellement que la FIDH a choisi de tenir son Congrès à Tunis du 7 au 11 mars prochain. La balle est maintenant dans le camp des autorités », a conclu Souhayr Belhassen, Présidente de la FIDH.

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