Le Nobel place l’Union européenne face à ses responsabilités

12/10/2012
Communiqué
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"L’Union européenne doit prendre l’attribution du prix Nobel comme une incitation à aller plus loin dans le domaine de la paix et des droits humains, tant au sein de l’Europe que dans sa politique étrangère", a déclaré Souhayr Belhassen, Présidente de la FIDH.

Si des avancées ont indéniablement été enregistrées au cours des 60 dernières années, beaucoup reste à faire et des changements en profondeur sont nécessaires en cette période de crise. Les droits économiques et sociaux sont de plus en plus érodés en Europe et l’UE s’est montrée incapable d’apporter des réponses à la hauteur des enjeux posés par la crise. Les mesures de restrictions budgétaires, qui constituent l’essentiel de cette réponse, risquent de renforcer les extrémismes, et de menacer à terme la démocratie sur le continent. "Ce qui est attendu aujourd’hui de l’Union européenne, c’est une régulation forte des acteurs économiques et financiers, et des avancées significatives concernant l’Europe fiscale et sociale", a ajouté Souhayr Belhassen.

Nombre de préoccupations subsistent au sein de l’UE, notamment concernant les droits des migrants et demandeurs d’asile, et la situation des Roms. La consolidation des liens entre les Etats membres de l’Union européenne s’est également faite au prix de violations graves aux frontières de l’Europe : les politiques migratoires restrictives ont contribué à faire de l’Europe une forteresse, causant un drame humain à ses frontières et au delà.

S’agissant de la politique étrangère, l’Union européenne, a développé des instruments et des actions significatifs pour promouvoir les droits humains dans le monde, en particulier pour protéger les défenseurs des droits de l’Homme, intervenir en faveur de l’abolition de la peine de mort et soutenir l’action des ONG humanitaires, de développement et de protection des droits humains à travers le monde. Toutefois, les intérêts économiques l’emportent souvent sur les considérations éthiques - à titre d’exemple, l’incapacité de l’Union à mener une politique solide concernant les droits humains en Chine ou la faiblesse de ses positions concernant le conflit israélo-palestinien mais aussi l’absence d’imagination et d’audace concernant sa politique envers la région arabe suite aux révolutions arabes. La FIDH appelle de ses voeux une politique cohérente de l’Union européenne, qui mette les droits humains au coeur de l’ensemble de ses politiques (commerce, développement, migrations, etc).

" Nous sommes déçus que le Comité Nobel ait fait le choix d’attribuer le Prix à une institution plutôt qu’à un acteur de terrain, qui risque sa vie et sa liberté pour la défense des valeurs universelles de paix et de droits humains. Nous appelons l’Union européenne à affecter le montant du prix qu’elle aura reçu à ces femmes et hommes de part le monde", a ajouté Souhayr Belhassen.

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