Point 9 - Viet Nam - Intervention Orale

30/03/2005
Communiqué

Agir Ensemble pour les Droits de l’Homme, la FIDH et son affiliée, le Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme, sont extrêmement inquiets de l’institutionnalisation de la répression et de l’arbitraire au Vietnam.
Prétextant de l’établissement d’un Etat de droit, le gouvernement vietnamien inscrit depuis plusieurs années, dans ses lois, réglements et circulaires ses pratiques arbitraires de répression au service d’une minorité contre toute forme de divergence politique ou religieuse.
De récentes informations révélent l’existence d’un véritable Etat dans l’Etat vietnamien, dont le seul but est de préserver par tous les moyens le pouvoir et les privilèges d’une faction du Parti Communiste Vietnamien.
En effet, dans plusieurs lettres d’anciens généraux fondateurs du Parti Communiste Vietnamien, dont Vo Nguyen Giap, vainqueur de Dien Bien Phu, Nguyen Nam Khanh, ancien membre du Comité Central du PCV, Dong Van Cong, ancien Commandant de l’Interzone 9, Pham Van Xo, ancien membre du Comité Central du PCV, Nguyen Tai, ancien Vice-Ministre de la Sécurité Publique, et bien d’autres ont dénoncé l’existence et les exactions des services secrets militaires appelés « Département Général n°2 » ou DG2.
Ces généraux et hauts dignitaires dénoncent les opérations de déstabilisation et de calomnie contre les hauts cadres du Parti et de l’Etat, mais également et surtout le recours à la torture et aux assassinats contre les adversaires désignés du DG2.
Ces dernières années, le DG2 s’est systématiquement opposé, par les moyens les plus répréhensibles, aux plus réformateurs du Parti Communiste, commme Vo Nguyen Giap, Vo Van Kiet, Phan Van Khai et d’autres, fabriquant de fausses « preuves » pour les accuser de collusion avec des puissances étrangères ou de complot.
Or, loin de tenter de juguler ces services qui minent la promotion et la garantie des droits humains, le gouvernement vietnamien les a dotés d’un statut légal avec une Ordonnance de l’Assemblée Nationale sur les services du DG2 de 1996 et le Décret gouvernemental 96/CP de 1997 sur les mêmes services. Ces textes entérinent les compétences tous azimuts et les prérogatives exorbitantes que le DG2 connaissaient de fait depuis des décennies.
Monsieur le Président,
Les activités clandestines du DG2 ne sont que l’exemple le plus spectaculaire d’une répression bien rôdée, planifiée et servi par un appareil d’Etat tentaculaire dont l’unique mission est d’anéantir les forces vives du pays en violation avec les engagements internationaux du Vietnam.
Après 30 ans de totalitarisme, les religions constituent les derniers vestiges de la société civile vietnamienne. Or justement, les religions non reconnues, au premier chef, l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam, sont constamment persécutées conformément au manuel de l’Institut des Sciences de la Police distribué à 1 million d’exemplaires à la Sécurité vietnamienne. Ce document de 602 pages, évidemment confidentiel, mais dont nous avons pu nous procurer une copie et dont nous présentons des extraits à la Commission, détaille par le menu le plan gouvernemental pour démanteler ces religions « non-reconnues ».
Ainsi, quoiqu’en disent les autorités vietnamiennes, Thich Huyen Quang et Thich Quang Do sont toujours enfermés dans leurs pagodes, interdits de se déplacer et de pratiquer leur religion. Les membres de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam, mais également tous les religieux des Eglises indépendantes, sont continuellement harcelés et emprisonnés.
Arrestations arbitraires, détentions tout aussi arbitraires, harcèlements policiers, intimidations et interrogatoires répétés sont d’ailleurs le lot quotidien de tous ceux qui, au Vietnam, exercent légitimement leur droit à la liberté de religion mais aussi et surtout d’expression et de presse.
Les vétérans et intellectuels du Parti communiste qui veulent critiquer les persécutions et l’absence de démocratie sont placés en détention administrative, comme Hoang Minh Chinh, Nguyen Thanh Giang, Hoang Tien, Pham Que Duong ou Tran Khue. Les cyberdissidents sont pareillement placés en résidence surveillée ou simplement incarcérés après des procès iniques pour avoir communiqué avec l’étranger ou simplement s’être exprimés sur l’internet, comme Pham Hong Son, Nguyen Khac Toan ou Nguyen Vu Binh.
Monsieur le Président,
La République Socialiste du Vietnam ne pourra pas prétendre remplir ses obligations au regard du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ni ouvrir la voie d’un développement durable pour tous les Vietnamiens tant qu’elle n’éliminera pas la menace du DG2 et tant qu’elle ne renoncera pas à ses méthodes de répression arbitraires. Il est dès lors essentiel que la Commission des Droits de l’Homme et toute la communauté internationale pèsent de tout leur poids pour que la république Socialiste du Vietnam se conforme sincèrement au droit international et renonce à ses vélléités de répression systématique.

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