Tunisie : Solidarité et préoccupations après la tuerie du Bardo

La FIDH a tenu a réitérer sa solidarité avec le peuple tunisien, les familles et proches des victimes de l’attaque terroriste au musée du Bardo, à l’occasion de son Bureau international qui s’est tenu du 27 au 29 mars 2015 et appelle les autorités tunisiennes à respecter les droits humains dans le cadre de sa lutte contre le terrorisme. Pour marquer cette solidarité, le président de la FIDH, Karim Lahidji, a participé personnellement à la marche contre le terrorisme qui s’est déroulé le 29 mars à Tunis.

« Ma présence aux côtés des représentants de nos organisations membres en Tunisie à la marche contre le terrorisme était l’expression de notre solidarité pour les familles de victimes et de notre soutien au peuple tunisien qui porte haut et fort l’étendard de la démocratie dans la région » a déclaré Karim Lahidji. « Ma présence avait également pour but de rappeler l’exigence du respect des droits humains dans le combat nécessaire contre le terrorisme ».

Deux semaines après l’attaque terroriste qui a fait 23 morts et visé un musée gardien de 3000 ans de civilisation en Tunisie, les autorités tunisiennes ont annoncé que 9 présumés terroristes de la phalange Okba Ibn Nafaa avaient été abattus dans la région de Gafsa dans des circonstances encore inconnues.

Un projet de loi contre le terrorisme et le blanchiment d’argent a par ailleurs été soumis le 26 mars 2015 à l’examen de l’Assemblée des Représentants du Peuple après avoir été approuvé par le gouvernement tunisien.

Ce projet est extrêmement préoccupant quant à ses dispositions liberticides mais aussi en prévoyant la peine de mort parmi les peines applicables aux auteurs d’actes terroristes.

La FIDH rappelle que la Tunisie est un pays abolitionniste de fait depuis 1993 et a voté depuis 2011 en faveur de la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies appelant à un moratoire sur l’application de la peine de mort. S’il était adopté, le projet de loi irait ainsi à l’encontre de la dynamique internationale croissante en faveur de l’abolition de la peine de mort.

La FIDH rappelle que le respect des droits humains et de l’État de droit doivent être le fondement de la lutte contre le terrorisme. La FIDH appelle ainsi les autorités tunisiennes à faire toute la lumière sur ses opérations de lutte contre le terrorisme et à mettre en conformité le projet de loi sur la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d’argent, avec les normes nationales et internationales de protection des droits humains, en retirant notamment sa disposition sur la peine de mort.

La FIDH, membre fondateur de la Coalition mondiale contre la peine de mort, s’oppose à la peine capitale pour tous les crimes et en toutes circonstances et œuvre activement avec ses organisations membres pour son abolition universelle. La peine de mort constitue un traitement inhumain et une violation du droit à la vie. La FIDH a en outre démontré que la peine de mort est généralement prononcée aux termes de procès inéquitables, et que son application est souvent discriminatoire. La FIDH rappelle que le soi-disant effet préventif de la peine de mort n’a jamais été prouvé.

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