Condamnée le 30 mai 2013 par le tribunal de première instance de Kairouan à une amende de 300 dinars tunisiens pour possession d’un spray lacrymogène, Amina Sboui "Tyler" a été maintenue en détention provisoire. Une nouvelle procédure a en effet été ouverte contre la jeune femme accusée de partager le combat Femen pour atteintes aux bonnes mœurs, possible association de malfaiteurs et profanation de cimetière. Le 19 mai 2013, Amina Sboui s’était rendue dans la ville de Kairouan, sa ville natale, où devait se tenir le congrès du mouvement islamiste radical, Ansar al-charia, finalement interdit par les autorités. Elle a tagué sur le mur d’un cimetière le mot "Femen".
Outre les poursuites judiciaires, Amina Sboui fait face à une campagne virulente de la part d’une partie de l’opinion tunisienne et de groupes radicaux aux propos violents, allant jusqu’à appeler à une condamnation de la jeune femme à la peine capitale.
La FIDH s’inquiète vivement de cette procédure judiciaire et des menaces proférées à l’encontre d’Amina Sboui "Tyler". Alors que pour des auteurs d’actes de violences graves l’impunité prévaut, Amina Sboui encourt le risque d’une condamnation pour un acte qui ne constitue aucun danger pour la sécurité d’autrui. Comme le rappelle l’Association tunisienne des femmes démocrates, qui a exprimé sa solidarité avec la jeune femme et mandaté une avocate pour assister à l’audience du 30 mai, cette affaire s’inscrit dans un climat de remise en cause croissante des principes d’égalité et des droits des femmes et d’attaques croissantes à l’encontre des activistes des droits humains mobilisés pour la défense des droits des femmes.
Ecouter à ce sujet, l’interview d’Ahlem Belhaj, RFI, 31 mai 2013 : http://www.rfi.fr/emission/20130531-alhem-belhadj-presidente-association-tunisienne-femmes-democrates-atfd
Lire aussi : la déclaration de l’ATFD publiée le 26 avril 2013 sur le site de la FIDH"Nous, femmes tunisiennes, restons debout" http://www.fidh.org/tunisie-nous-femmes-tunisiennes-restons-debout-13204