Appel à la ratification par la République libanaise

04/06/2010
Communiqué

Lettre Ouverte au Président Michel Sleiman

Votre Excellence,

À l’occasion du 20ème anniversaire de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille (Convention sur les travailleurs migrants), une campagne mondiale a été lancée appelant les gouvernements à agir immédiatement pour mettre fin aux violations des droits humains des migrants à travers le monde, en ratifiant cette Convention.

À ce jour, le Liban n’a toujours pas ratifié cet instrument central de protection des droits humains.

Aujourd’hui, nous appelons votre gouvernement à ratifier cette Convention et démontrer ainsi votre engagement à mettre fin aux abus envers les migrants en protégeant leurs droits humains.

En 2010 il est estimé que 214 millions de personnes sont des migrants, soit plus de 3 pourcent de la population mondiale. Presque tous les Etats du monde sont touchés par les migrations, en tant que pays d’origine, de destination ou de transit des migrants, et ainsi doivent faire face au défi que représente le développement de politiques migratoires efficaces fondées sur le respect des droits humains.

Le Liban est un pays d’origine et de destination de travailleurs migrants. Selon le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), les migrants constituent environ 17,7% de la population.

Le taux d’émigration s’élève à 12,9% et les envois de fonds de la part de travailleurs migrants font une contribution significative à l’économie libanaise. Néanmoins, malgré le rôle important que jouent les travailleurs migrants, le droit du travail libanais ne les protège pas de manière efficace les rendant vulnérables à des formes d’exploitation et d’abus, en particulier pour les femmes.

Bien que pour nombre d’individus migrer soit une expérience positive, pour bien d’autres la migration se fait sous la contrainte et entraîne de nombreuses épreuves dans le pays de destination. Les travailleurs migrants, dans le monde entier, demeurent victimes de toutes sortes d’abus, de discriminations et d’exploitation de la part de passeurs, d’agents de recrutement, ou d’employeurs.

Cependant, un instrument juridique est à la disposition de votre gouvernement pour éliminer ces violations, améliorer les conditions de vie et de travail des migrants et renforcer la protection de leurs droits.
Depuis son adoption par l’Assemblée générale des Nations Unies le 18 décembre 1990, la Convention sur les travailleurs migrants a été ratifiée par 42 Etats. De plus, 16 Etats l’ont signée.
La Convention reconnaît la vulnérabilité particulière des travailleurs migrants et promeut des conditions humaines et légales de travail et de vie, ainsi que la nécessité d’une protection renforcée.
Elle établit un cadre pour l’élaboration de politiques migratoires nationales, qui ne peuvent être efficaces que lorsqu’elles sont fondées sur les droits humains et le principe de légalité. La Convention met en place des dispositions visant à combattre l’exploitation des travailleurs migrants et des membres de leur famille, dans les pays d’arrivée, de transit et de destination des migrants.
Nous exhortons le gouvernement du Liban à saisir l’occasion du 20ème anniversaire en ratifiant la Convention sur les travailleurs migrants et à envoyer ainsi un signal fort de sa volonté de protéger les droits fondamentaux des travailleurs migrants. Nous espérons fortement que le 18 décembre 2010, nous pourrons célébrer également la ratification de la Convention par le Liban.
Dans l’attente de votre réponse, veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de nos sentiments les meilleurs.

Respectueusement,

Souhayr Belhassen, Présidente de la FIDH

Au nom du Comité de pilotage international de la campagne

Le Comité de pilotage de la campagne : La campagne a été lancée par le Comité de pilotage de la Campagne pour la ratification de la Convention sur les droits des migrants, un réseau unique d’agences de l’ONU, d’organisations internationales et d’organisations de la société civile. Les membres du Comité de Pilotage comprennent le Haut Commissariat aux Droits de l’Homme (OHCHR), Amnesty International (AI), Décembre 18, la Commission internationale Catholique pour les migrations (CICM), la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH), l’Organisation Internationale du Travail (OIT), l’Organisation Internationale pour les migrations (OIM), la Confédération Syndicale Internationale (CSI), Migrant Forum in Asia (MFA), Public Services International (PSI), le Conseil oecuménique des Eglises (COE), Human Rights Watch (HRW), UNESCO, le Mouvement International Contre Toutes les Formes de Discrimination et de Racisme (IMADR), Migrants Rights International (MRI) et la Ligue internationale des femmes pour la paix et la Liberté (LIFPL).

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