Justice pour les deux défenseures des droits humains palestiniennes assassinées à Gaza avec leurs familles

PCHR

Les 20 et 24 février 2024, deux avocates du Centre Palestinien pour les droits humains (PCHR) ont été tuées ainsi que 46 membres de leurs familles dans des frappes israéliennes. La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) est en deuil et s’engage à prendre des mesures contre les responsables.

29 février 2024. « Nous portons toutes et tous en nous quelque chose qui s’est brisé et qui ne sera jamais réparé », a déclaré Basel al-Sourani, chercheur juridique au PCHR en informant la FIDH sur les circonstances de la mort de Nour Naser Abu Al-Nour et Dana Yaghi et de leurs familles. Bombardements, enlèvements, torture, famine et déplacement forcé : tel est désormais le quotidien des organisations de défense des droits humains membres de la FIDH à Gaza. L’impact physique et psychologique est immense. Depuis le début des attaques israéliennes, la plupart ont perdu des membres de leurs familles ou des proches. Toutes et tous luttent pour leur survie. Avec le meurtre de Nour Abu Nour et Dana Yaghi, la tragédie a frappé au cœur des organisations membres de la FIDH.

Le 20 février 2024, Nour Naser Abu Al-Nour et sept membres de sa famille ont été tué·es par une frappe aérienne israélienne sur la maison familiale à Rafah, au sud de la bande de Gaza. Parmi les victimes figurent sa fille de deux ans, sa mère, son père, qui était doyen de la Faculté des sciences infirmières de l’Université islamique de Gaza, ainsi que ses sœurs et son frère. Quelques jours plus tard, le 24 février 2024, Dana Yaghi et 39 autres personnes, dont une majorité de membres de sa famille, ont été tuées dans le bombardement de la maison familiale à Deir Al-Balah. Dana et Nour étaient toutes deux avocates à l’unité pour les droits des femmes de PCHR, toutes deux avaient été déplacées. Elles documentaient les violations des droits humains contre les femmes et les enfants et fournissaient des conseils juridiques et personnels aux femmes vulnérables.

Aujourd’hui, les femmes palestiniennes paient un lourd tribut. Elles sont surreprésentées parmi les 30 000 mort⋅es et 70 000 blessé⋅es engendrés par l’agression israélienne dans la bande de Gaza. Par ailleurs, dans le cadre du génocide en cours perpétré contre les Palestinien⋅nes par Israël, leurs droits sexuels et reproductifs sont systématiquement bafoués, au même titre que tous les autres droits humains des Palestinien⋅nes.

« Nous ne cesserons pas de demander justice pour le meurtre de Nour et Dana et de leurs familles. Les personnes qui ont ordonné et lancé les frappes aériennes qui les ont tuées doivent comparaître devant des tribunaux. Chaque meurtre de civil⋅es à Gaza mérite que des comptes soient rendus et que des poursuites soient engagées », a déclaré Clémence Bectarte, avocate des droits humains et coordinatrice du groupe d’action judiciaire de la FIDH.

Les défenseur⋅es des droits humains à Gaza devenu⋅es victimes

Sur les sept organisations membres palestiniennes et israéliennes de la FIDH, quatre ont du personnel opérant dans la bande de Gaza : le Centre Al-Mezan pour les droits humains, le Centre Palestinien pour les droits humains (PCHR), Al-Haq et B’Tselem. Avant le début de la dernière offensive israélienne, près de 40 défenseur⋅es des droits humains affilié⋅es à la FIDH travaillaient dans la bande de Gaza. Depuis le 7 octobre 2023, ils et elles ont été pris·es dans l’engrenage de la désolation qui a balayé l’enclave. Beaucoup sont des descendant⋅es de réfugié⋅es palestinien⋅nes de 1948. Tous⋅tes ont vécu sous l’apartheid. Ceux et celles qui documentaient les violations des droits humains et œuvraient à la défense des victimes sont devenu·es des victimes.

En décembre 2023, Ayman Lubbad, chercheur à l’unité des droits économiques, sociaux et culturels du PCHR, a été illégalement détenu du 7 au 14 décembre, durant les arrestations massives de Palestinien·nes perpétrées par les forces d’invasion israéliennes. Il a rapporté avoir passé la majeure partie de sa détention menotté et les yeux bandés, maintenu douloureusement à genoux pendant des jours, battu, privé de nourriture et de sommeil alors qu’il était interrogé. Des conditions qui équivalent à des mauvais traitements et à la torture au regard du droit international humanitaire et des droits humains.

Dans ces terribles conditions et malgré la menace quotidienne d’être directement visé·es par l’armée israélienne, les défenseur⋅es des droits humains à Gaza tentent de mener à bien leur mission, de documenter les violations des droits humains, aujourd’hui si nombreuses.

La FIDH appelle à mettre en place les conditions nécessaires permettant à ce que les organisations de défense des droits humains puissent continuer de pouvoir pleinement mener leur travail indispensable, et pour que les preuves de violations des droits humains soient préservées. Les Nations unies doivent être autorisées à atteindre le nord de la bande de Gaza, où aucune aide humanitaire n’est distribuée et où probablement de nombreuses violations des droits humains se produisent sans être documentées ni signalées. La FIDH demande un cessez-le-feu immédiat et la poursuite des responsables de crimes internationaux.

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