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Torture

«Le sadisme affiché par Donald Trump marche auprès des Américains»

A l'invitation de la FIDH, des juristes américains militent contre la réhabilitation de la torture, souhaitée par le nouveau président américain.
par Hala Kodmani
publié le 26 janvier 2017 à 20h03

Donald Trump ne devrait pas trouver les moyens légaux de rétablir l'usage de la torture, comme il l'a souhaité mercredi sur la chaîne ABC. En visite à Paris, d'anciens membres de haut rang de l'administration Bush se mobilisent pour barrer la route à une telle éventualité. Ils font partie d'un groupe d'avocats et d'organisations de droits de l'homme aujourd'hui mobilisés contre les pratiques mises en place au lendemain des attentats du 11 Septembre aux Etats-Unis.

Les craintes que le «programme d'interrogatoire renforcé», arrêté par Obama en 2009, soit réhabilité viennent d'être ravivées par les propos du nouveau président américain. Il a vanté dans son interview l'efficacité du «waterboarding» (simulation de noyade) dans les interrogatoires de terroristes à Guantanamo. Dans le même temps, le New York Times révélait un projet de la nouvelle administration de rouvrir les prisons secrètes de la CIA à l'étranger.

«Le sadisme affiché par Trump et sa logique du "ils l'ont bien mérité" marche auprès des Américains qui se disent à 62% favorables à la torture», souligne Alberto Mora. Ancien avocat général de la marine américaine (US Navy) entre 2001 et 2006, il œuvre au centre CARR (Center for Human Rights policy) de la Harvard Kennedy School. Et tente de se rassurer par le fait que Donald Trump compte néanmoins s'en remettre au chef de la CIA et à son secrétaire à La Défense, John Mattis. «Ce dernier en particulier est formellement opposé à la torture», insiste Mora, présent à Paris avec ses collègues américains.

«L’affaire française de Guantanamo»

Ces juristes interviennent aux côtés des avocats français et des organisations des droits de l'homme, dont la FIDH, dans le cadre de «l'affaire française de Guantanamo». Impliquant deux citoyens français, détenus et torturés dans la célèbre prison, une instruction, toujours en cours, est à ce jour la seule ouverte dans le monde contre les crimes commis au centre de détention. Les organisations poursuivent auprès de la justice française les hauts responsables américains, dont Geoffrey Miller, le Commandant du camp de Guantanamo, qui ne s'est pas présenté à l'audience prévue en mars 2016 à Paris. «La France a bien transmis la demande sur Miller aux autorités américaines, mais on ne sait pas encore les suites données», indique Katherine Gallagher, avocate au Center for Constitutional Rights.

Quant à «l’efficacité» de la torture pour obtenir des aveux, Katherine Gallagher se joint à l'invitation de se livrer à une longue lecture lancée à Donald Trump par une sénatrice américaine. Il s'agit d'un rapport classifié de 7 600 pages, rédigé par la commission sénatoriale du renseignement, sur les interrogatoires de la CIA et démontrant point par point l’inefficacité d'une telle pratique.

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