La Russie doit coopérer avec les juridictions autrichiennes - Ramzan Kadyrov doit témoigner sur son implication présumée dans l’affaire Israilov

29/11/2010
Communiqué
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« Le gouvernement russe doit coopérer avec les autorités judiciaires autrichiennes », a affirmé Marek Svoboda de People in Need au nom de la coalition d’organisations de droits de l’Homme observant le procès Israilov à Vienne. « Le président tchétchène Ramzan Kadyrov doit témoigner dans l’affaire Israilov en cours, compte tenu de l’existence d’éléments de preuve irréfutables suggérant l’implication des autorités tchétchènes dans ce crime ».

Vendredi, le président du tribunal pénal viennois, Friedrich Forsthuber, a conclu la première partie du procès Israilov et a décidé officiellement d’appeler le président Kadyrov à la barre pour qu’il témoigne de son implication dans le meurtre d’Umar Israilov. Cette demande sera faite par l’intermédiaire du Procureur général russe. Le procès a été prolongé et le verdict est attendu pour la fin janvier.

Israilov a été tué par balle le 13 janvier 2009, à proximité de sa maison à Vienne. Israilov était un réfugié qui avait fui la République russe de Tchétchénie et qui avait engagé une procédure judiciaire impliquant personnellement le président Kadyrov dans la commission de crimes tels que le meurtre, la torture et l’enlèvement. Trois hommes originaires de Tchétchénie sont actuellement jugé pour formation d’une organisation criminelle, tentative d’enlèvement et meurtre.

Le nom du président Kadyrov a été mentionné par de nombreux témoins au cours du procès. Les témoins-experts ont notamment expliqué comment, sous sa présidence, la Tchétchènie est demeurée une zone sinistrée en matière de droits de l’Homme, marquée par un mépris du principe de légalité ainsi qu’une personnalisation du pouvoir qualifiée de « choquant dans une démocratie » par l’Assemblé Parlementaire du Conseil de l’Europe. Les témoins-experts ont démontré l’existence d’un système par lequel nombre de rivaux, d’opposants et de personnes critiques vis-à-vis du président Kadyrov ont été assassinés. L’un des principaux suspects dans cette affaire, qui est dit avoir tiré les coups de feu mortels, a fui vers la Tchétchénie et aurait reçu une importante promotion dans les forces de maintien de l’ordre. Le téléphone portable du principal accusé contient une photo de celui-ci donnant l’accolade au président Kadyrov. L’un des conseillers les plus proches de Kadyrov a été décrit comme l’organisateur principal du crime par le procureur : l’accusé l’a rencontré à plusieurs reprises avant l’assassinat, l’a appelé immédiatement après celui-ci, et une copie de son passeport a été retrouvée dans la voiture des assassins.

« C’est un procès qui fera date » a expliqué Souhayr Belhassen, présidente de la Fédération Internationale de ligues de Droits de l’Homme. « Il met en évidence le système criminel orchestré par le président Kadyrov, bénéficiant d’une réelle impunité. Si la Russie décide de coopérer avec les autorités judiciaires autrichiennes, cela ouvrira une porte vers un possible établissement des responsabilités. Si Ramzan Kadyrov refuse de répondre à la convocation de la cour, la Russie montrera une fois de plus qu’elle n’est pas intéressé par l’établissement des responsabilités et la justice ».

Pour de plus amples informations :
Voir le dossier spécial sur le site de la FIDH rassemblant les informations sur l’affaire Israilov, la coalition d’organisations de défense des droits de l’Homme observant le pocès, y compris des compte-rendus des audiences.

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