Chine - Sida : « Un stade critique »

07/04/2005
Rapport
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Rapport alternatif au comité des droits économiques,
sociaux et culturels des Nations unies

A l’occasion de la journée mondiale de la santé, la FIDH rend public un rapport sur les violations du droit à la santé dans le cadre de la lutte contre le sida en Chine. Intitulé « Un stade critique », ce rapport retrace la façon dont les autorités chinoises ont appréhendé l’épidémie du VIH/sida depuis les années 1980 jusqu’à ce jour.

Jusqu’au début des années 1990, le gouvernement chinois se contente d’encadrer strictement la venue des étrangers en Chine et d’interdire l’importation de produits sanguins pour tenter d’empêcher la pénétration de la maladie dans le pays. Puis, du début des années 1990 au début des années 2000, le virus se propage par le biais de la collecte de sang. Malgré les alertes, le gouvernement chinois, niant l’ampleur de la crise, met en place une politique limitée à la surveillance des usagers de drogue et des prostituées, et à la promotion d’une « morale sexuelle saine ». C’est la crise de la pneumonie atypique en 2003 qui a contraint les autorités à reconnaître l’ampleur de l’épidémie, qui touche désormais l’ensemble de la population, et à ébaucher une politique de prévention et de soins.

Les pratiques et les législations discriminatoires à l’encontre des porteurs du VIH et des malades du sida continuent pourtant de prévaloir en Chine ; ainsi, depuis novembre 2004, les porteurs du VIH sont autorisés à passer les examens de la fonction publique. En revanche, les malades du sida en sont automatiquement exclus. « De nombreuses lois locales refusent explicitement aux malades du sida le droit de se marier. Dans la province du Jilin, les femmes enceintes malades du sida sont soumises à l’avortement obligatoire », a précisé Judith Commeau, auteur du rapport.

Outre ces discriminations inscrites dans la réglementation, les personnes originaires des « villages du sida », particulièrement du Henan, font l’objet d’un ostracisme collectif : « personne ne veut épouser un garçon ou une fille issus de ces communautés, leurs produits sont rejetés sur le marché, l’armée a cessé d’y recruter, et lorsqu’un jeune cherche du travail hors de sa province, il ment sur son origine », précise une étude de Pierre Haski, citée dans le rapport.

70% des porteurs du VIH/sida officiellement recensés sont actuellement concentrés dans les campagnes, où structures hospitalières et médecins manquent cruellement. En zone rurale, selon le vice-ministre de la santé Zhu Qingsheng, plus de 50% de la population ne peut se payer des soins médicaux et 40 à 60% des habitants des campagnes tombent dans la pauvreté suite à une maladie. De plus, les génériques antirétroviraux chinois, extrêmement onéreux au regard du salaire moyen, ne sont pas de bonne qualité.

« Non seulement les mesures prises par les autorités chinoises pour lutter contre le sida sont largement insuffisantes, mais en plus, les ONG indépendantes qui travaillent dans ce domaine sont systématiquement réprimées. La diffusion de chiffres relatifs à l’étendue de l’épidémie est souvent considérée comme un secret d’Etat et les journalistes ne peuvent enquêter librement sur la maladie, notamment dans la province du Henan, particulièrement touchée par le sida », a conclu Sidiki Kaba, Président de la FIDH.

Ce rapport a été soumis au Comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations unies, qui examinera le respect par la Chine de ses obligations au titre du Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels à la fin du mois.

Contact presse : Gaël Grilhot : + 33-1 43 55 25 18

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